Just Kids by Patti Smith

Just Kids by Patti Smith

Auteur:Patti Smith
La langue: fra
Format: epub
Tags: autobiographie, musique, rock, art, photo
ISBN: 2207256006
Éditeur: Denoël
Publié: 2014-03-03T05:00:00+00:00


Lorsqu’il entrait dans une pièce, Gregory Corso pouvait très bien semer le chaos sur-le-champ, mais on lui pardonnait facilement car il était capable également de commettre d’immenses beautés.

C’est peut-être Peggy qui m’a présenté Gregory, car tous deux étaient très liés. Je me suis prise d’une grande sympathie pour lui, sans parler du fait que je le tenais pour un de nos plus grands poètes. Mon exemplaire écorné de The Happy Birthday of Death campait sur ma table de nuit. De tous les poètes beat, Gregory était le plus jeune. Il possédait une beauté ravagée et une arrogance à la John Garfield. Il ne se prenait pas toujours au sérieux, mais il ne plaisantait jamais avec sa poésie.

Gregory adorait Keats et Shelley. Il entrait dans le hall de l’hôtel en titubant, le pantalon traînant par terre, et il vomissait leurs vers éloquemment. Lorsque je me lamentais de mon incapacité à finir aucun de mes poèmes, il me citait Paul Valéry : « Les poètes ne finissent pas les poèmes, ils les abandonnent. » Puis il ajoutait :

« T’en fais pas, tu vas t’en sortir très bien, ma petite.

— Comment tu le sais ? je demandais.

— Parce que je le sais. »

Gregory m’a fait découvrir le St. Marks Poetry Project, un collectif de poètes qui œuvrait dans l’église historique de la 10e Rue Est. Lorsque nous allions assister à des lectures, Gregory chahutait les poètes. Il ponctuait leur ronron soporifique de cris tels que Merde ! Merde ! Y a pas de sang là-dedans ! Fais-toi transfuser !

En observant sa réaction, je me suis promis d’éviter à tout prix d’être ennuyeuse si je devais un jour lire mes poèmes.

Gregory m’a fait des listes de livres à lire, m’a indiqué le meilleur dictionnaire à posséder, il m’a encouragée et m’a mise au défi. Gregory Corso, Allen Ginsberg et William Burroughs étaient mes professeurs, eux qui passaient par le hall du Chelsea Hôtel, ma nouvelle université.

* *

*

« J’en ai marre d’avoir une tête de berger », a dit Robert, inspectant ses cheveux dans le miroir. « Tu veux pas me faire une coupe de star du rock des années cinquante ? » Bien que très attachée à ses boucles rebelles, j’ai sorti mes grands ciseaux et commencé à tailler dans la masse en pensant « rockabilly ». J’ai tristement choisi une boucle que j’ai rangée dans un livre, tandis que Robert, fasciné par sa nouvelle image, s’attardait devant son reflet.

En février, il m’a emmenée à la Factory pour visionner des rushes de Trash. C’était la première fois que nous étions invités, et Robert piaffait d’impatience. Le film ne m’a pas émue ; peut-être n’était-il pas assez français à mon goût. Bien que déconcerté par l’atmosphère clinique de la nouvelle Factory et déçu qu’Andy ne fasse pas d’apparition en personne, Robert circulait avec aisance parmi le cercle warholien. J’ai été soulagée de tomber sur Bruce Rudow. Il m’a présenté son amie Diane Podlewski, qui jouait la sœur d’Holly Woodlawn dans le film. C’était une fille du Sud très agréable, avec une immense coiffure afro et des habits marocains.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.