Le Roi: Mythes et symboles by Jean-Paul Roux

Le Roi: Mythes et symboles by Jean-Paul Roux

Auteur:Jean-Paul Roux [Roux, Jean-Paul]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature
Éditeur: Fayard
Publié: 2015-11-26T23:00:00+00:00


LES OBSÈQUES

Les obsèques peuvent se dérouler presque immédiatement après le décès : c'était le cas chez les Sémites, et les musulmans en hériteront qui enterrent leurs morts dès le lendemain matin. Plus généralement, on attend quelques jours pour que les invités puissent venir, pour que l'âme ait le temps de partir, pour que s'atténue le danger que présente tout cadavre, d'autant plus virulent que la mort est plus proche. Dans certaines régions se pratique ce qu'on appelle des obsèques en deux temps : on expose le corps sur une estrade ou sur les hautes branches d'un arbre pour permettre sa décomposition, puis on recueille le squelette. On le faisait régulièrement chez les anciens Turcs, qui mettaient en terre au moment où les arbres perdaient leurs feuilles ou lorsqu'ils les recouvraient721. Dans certaines tribus australiennes, on plaçait le cadavre sur un arbre et on enterrait les os environ un an plus tard722. Chez les Dayak de Bornéo, on donnait aux morts une sépulture provisoire avant de procéder plus tard aux véritables obsèques723.

Nous inclinerions volontiers à croire que ces rites sont accomplis pour tous; mais ce serait peut-être accorder trop belle part au peuple. Il ne faut pas oublier que nos documents concernent surtout les grands. Ce sont bien les seuls chefs qui, en Nouvelle-Calédonie, sont exposés sur les montagnes, sur les branches, sur un rocher ou sur un treillis de lianes couvert de nattes724. Il devait en aller de même là où on ne le précise pas. Seules les obsèques royales permettaient le déploiement du faste, le concours des foules. Elles exigeaient nombre de rites particuliers, infiniment variés et multiples, surtout quand elles se déroulaient pendant plusieurs jours. On parle de deux semaines chez les Hittites725. Dans l'ancien Tibet, selon un manuscrit de T'ouen-houang (Dunhuang), un premier jeu de cérémonies durait trois jours au moins, un autre quatre, puis avaient lieu des cérémonies nocturnes pendant onze, treize, dix-sept ou dix-neuf nuits726. Dans ces jeux complexes d'actes sacrés et symboliques, certains revêtaient plus d' importance que d'autres et constituaient une sorte de clef de voûte qui les soutenait tous. En Égypte, où les soins accordés aux morts visaient à reproduire les mystères qui s'étaient accomplis quand Isis avait rendu la vie à son époux, l'opération la plus significative était l'ouverture des yeux et de la bouche du mort et de sa statue. On croyait que, par ces organes, Rê avait créé le monde en le concevant et en le voyant, et l'on identifiait pharaon décédé à la fois à Rê et à Osisis, ce que rendait plus aisé la confusion qui se faisait entre ces deux divinités 727.

Il y avait foule aux obsèques royales, car tout le peuple et toutes les classes sociales étaient concernés par elles, et l'on admettait parfois mal que les pays voisins ne le fussent pas eux aussi : on attendait d'eux des ambassadeurs. A Sparte, tout le pays était représenté : Spartiates, ilotes, et délégués des autres villes pouvaient constituer une assemblée de plusieurs milliers de personnes.



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