Le Monde perdu by Arthur Conan Doyle

Le Monde perdu by Arthur Conan Doyle

Auteur:Arthur Conan Doyle [Doyle, Arthur Conan]
La langue: fra
Format: epub, mobi
Tags: Fiction, Action & Aventure, Science Fiction
Éditeur: Feedbooks
Publié: 1912-01-25T05:00:00+00:00


Chapitre 11

Pour une fois je fus le héros

Lord John Roxton avait raison en supposant que les morsures des horribles bêtes qui nous avaient attaqués pouvaient être venimeuses. Le lendemain matin, Summerlee et moi souffrîmes beaucoup avec de la fièvre, tandis que Challenger avait un genou si meurtri qu’il pouvait à peine marcher. Tout le jour nous demeurâmes au camp. Lord John s’occupa à élever la hauteur et à renforcer l’épaisseur des murailles épineuses qui étaient notre unique protection. Je me rappelle que ce jour-là j’eus constamment l’impression que nous étions épiés ; mais je ne savais ni d’où ni par quel observateur.

Cette impression était cependant si forte que j’en parlai au Pr Challenger, mais celui-ci la porta au crédit d’une excitation cérébrale causée par la fièvre. À chaque instant, je regardais autour de nous, j’étais persuadé que j’allais apercevoir quelque chose ; en fait, je ne distinguais que le bord de notre clôture ou le toit de verdure un peu solennel des arbres au-dessus de nos têtes. Et cependant, de plus en plus, mon sentiment se fortifiait : nous étions guettés par une créature malveillante et guettés de très près. Je méditai sur la superstition des Indiens relative à Curupuri, ce génie terrible errant dans les bois, et je commençai à me dire que sa présence sinistre devait hanter tous ceux qui envahissaient son sanctuaire.

Au soir de notre troisième jour sur la Terre de Maple White, nous fîmes une expérience qui nous laissa un souvenir effroyable, et nous rendîmes grâce à lord John de ce qu’il avait fortifié notre refuge. Tous nous dormions autour de notre feu mourant quand nous fûmes réveillés, ou plutôt arrachés brutalement de notre sommeil, par une succession épouvantable de cris de terreur et de hurlements. Il n’y a pas de sons qui puissent se comparer à ce concert étourdissant qui semblait se jouer à quelques centaines de mètres de nous. C’était aussi déchirant pour le tympan qu’un sifflet de locomotive, mais le sifflet émet un son net, mécanique, aigu ; ce bruit était beaucoup plus grave, avec des vibrations qui évoquaient irrésistiblement les spasmes de l’agonie. Nous plaquâmes nos mains contre les oreilles afin de ne plus entendre cet appel qui nous brisait les nerfs. Une sueur froide coula sur mon corps, et mon cœur se souleva. Tous les malheurs d’une vie torturée, toutes ses souffrances innombrables et ses immenses chagrins semblaient condensés dans ce cri mortel. Et puis un octave plus bas se déclencha et roula par saccades une sorte de rire caverneux, un grondement, un gloussement de gorge qui servit d’accompagnement grotesque au hurlement. Ce duo se prolongea pendant trois ou quatre minutes, pendant que s’agitaient dans les feuillages les oiseaux étonnés. Il se termina aussi brusquement qu’il avait commencé. Nous étions horrifiés, et nous demeurâmes immobiles jusqu’à ce que lord John jetât sur le feu quelques brindilles ; leur lumière crépitante éclaira les visages anxieux de mes compagnons, ainsi que les grosses branches qui nous abritaient.

– Qu’est-ce que c’était ? chuchotai-je.

– Nous le saurons ce matin, répondit lord John.



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