Le Livre de Ahorn - 01 - Le Jour de l'enfant tueur by Pierre Pelot

Le Livre de Ahorn - 01 - Le Jour de l'enfant tueur by Pierre Pelot

Auteur:Pierre Pelot [Pelot, Pierre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF
Éditeur: Bragelonne Classic
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Chapitre 8

Les Ohisihan l’avaient vu et savaient. Ahorn aurait pu ne rien dire, ne rien demander au sujet de la cabane à l’écart, mais une absence de curiosité de sa part eût certainement renforcé, sinon leur méfiance, du moins la prudente réserve qu’ils manifestaient depuis les premiers instants.

Ahorn, donc, interrogea les chasseurs qui l’avaient regardé venir vers eux, toujours groupés devant l’entrée de l’autre hutte. Avant de détourner la tête, les Ohisihan échangèrent des regards glissés, puis Tohki porta sa main devant sa bouche et murmura très vite :

— Nokha.

Ahorn comprit que ce mot, dans la bouche des Ohisihan, était celui qui disait nokh dans celle des Anâanni et des Ohihani.

Le trouble qu’il ne put contrôler pouvait toucher tout homme entendant ce mot, et sa réaction ne retint pas l’attention des autres. Mais il fut choqué de n’avoir pas perçu la ressemblance entre cette cabane et celle occupée par les hommes nokh des Ohihani sur le bord de la rivière. Détournant lui aussi la tête, comme il convient en présence de cette parole, il prit la précaution d’attendre, comme le voulait la prudence, bouche et paupières closes. Les battements de sa poitrine frappaient jusque dans sa gorge soudainement sèche.

Ene’a nokh…, nokha…

Les regards des chasseurs ohisihan étaient sur lui quand il rouvrit les yeux, mais ni plus ni moins scrutateurs. Il dit, pour s’éloigner de la parole dévoilée, et désignant l’enfant qui reniflait à côté de lui :

— Celui-là garde la bouche trop ouverte et toutes ses paroles sont parties.

Mais les chasseurs n’entendirent pas, ou firent comme s’ils n’avaient pas entendu. Ahorn réalisa alors que, depuis son arrivée, les chasseurs, les femmes, les enfants, tous les Ohisihan, paraissaient ne pas voir cet enfant-là qui allait et venait à sa guise, parmi eux, sans plus s’intéresser à eux, d’ailleurs, qu’ils ne s’occupaient de lui… Cette constatation inattendue s’ajoutant à ce qu’il venait d’apprendre au sujet d’Ene’a creusa un peu plus le vide ouvert autour des battements dans sa poitrine et le laissa interdit un trop long instant, les yeux écarquillés sur l’enfant que personne ne voyait et qui ne voyait personne, excepté lui. Il frissonna.

Se dérobant à la remarque d’Ahorn, Tohki se toucha le ventre et lui indiqua la hutte, d’un geste qui ordonnait plus qu’il n’invitait…

Ahorn obéit. Dans le jour finissant, il retourna à la hutte quittée quelques instant plus tôt, l’enfant renifleur derrière lui.

Les chasseurs ne l’avaient pas suivi.

À présent, la nuit était complètement sortie de terre et le sommeil refusait d’entrer dans la tête d’Ahorn.

Les chasseurs ohisihan n’étaient pas venus. Peut-être ne viendraient-ils pas. Peut-être les chasseurs absents étaient-ils sous l’autre hutte ? Le malaise né après qu’il avait aperçu la silhouette d’Ene’a – il était sûr que c’était elle – près de la cabane nokh, n’avait cessé de grandir, s’installant toujours plus profondément à mesure que le temps s’écoulait. Était-ce HanOhisihan, nokh, ou nokha, lui aussi (et pour quelle raison ?), qui se trouvait avec elle ? Ahorn ne le croyait pas : l’autre visage entr’aperçu, cette tache pâle, était plutôt celui d’une femme.



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