L'Art de la chaussure by Marie-Josèphe Bossan

Auteur:Marie-Josèphe Bossan [Bossan, Marie-Josèphe]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9781783108237
Éditeur: Parkstone International

Le Tour du monde des chaussures

L’Empire ottoman

Voyageur curieux, Jean-Etienne Liotard s’embarque pour Constantinople en 1738. En observateur attentif, il dessine et peint les personnages qu’il rencontre, ce qui lui vaut d’être reconnu comme le « peintre turc » de cette Europe des Lumières. Ici, ce portrait, d’une précision photographique, restitue avec exactitude ces patins, dans leur contexte d’utilisation, protégeant leurs propriétaires de l’humidité. On observe d’ailleurs que l’esclave, contrairement à sa maîtresse, n’a pas de chaussure et se contente de peindre ses pieds de henné.

En Turquie et dans de très nombreux pays orientaux, les femmes se rendent au bain avec des patins à hauteur variable. En bois, incrusté de nacre ou d’ivoire, recouverts d’argent, au bandeau richement brodé de fil d’or ou d’argent, ils offrent un vaste panorama de la richesse de l’ornementation de ces pays. Leurs décors d’incrustations sont tout à fait semblables aux vantaux des portes et des fenêtres, aux meubles, aux chaises à prêcher, les minbar, comme le souligne très justement Jean-Paul Roux.

Au début du XIXe siècle, l’Empire ottoman est un des plus vastes du monde. Il comprend toute la presqu’île des Balkans, toute l’Asie occidentale jusqu’à la Perse, en Afrique, l’Égypte et la Tripolitaine, la suzeraineté de l’Algérie et de la Tunisie. Placé au carrefour de trois continents, entre la Méditerranée et l’Océan Indien, il occupe une situation d’importance capitale. Cette immense étendue géographique opère parfois une synthèse interactive décorative perceptible dans l’ornementation des chaussures de ces différents pays.

Dans certains pays orientaux, les femmes prennent de la « hauteur ». Elles sont hissées sur d’extravagants patins, comme celui-ci, pour leur rappeler leur supériorité sur leur mari un seul jour dans leur vie, mais que, dès le lendemain, elles redescendent du piédestal. Cette façon de penser se confirme dans le Coran : « Les hommes sont supérieurs aux femmes par le fait qu’Allah en a élevé plusieurs au-dessus des autres ».

En revanche, la femme règne sur la maison et la présence d’une paire de babouches masculines à la porte interdit l’entrée à tout autre homme.

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