L'affaire Barker (Camden) (French Edition) by Pauline Andreani

Auteur:Pauline Andreani [Andreani, Pauline]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: éditions du Petit Caveau
Publié: 2022-04-01T22:00:00+00:00

***

L’homme reposa le combiné du téléphone sur son bureau et soupira presque à la tonalité agaçante que rendait ce dernier. Le Secrétaire Général, Monsieur Wilkes, situé face à lui se triturait les mains avec nervosité. Il n’osait rien ajouter. Le Premier Ministre, quant à lui, passa quelques doigts pensifs le long de son menton. Il déclara :

— C’était Toole à l’instant. Le Yard vient de voir son premier otage supprimé...

Et avant que Wilkes n’ajoute quoi que ce soit, il reprit :

— C’est... regrettable. C’était un inspecteur. Inspecteur Friedrich Amberleigh.

L’homme d’un certain âge se replaça un peu plus confortablement dans son fauteuil puis soupira, désorienté.

— J’avais dit, à la Chambre, que ce genre de personnages ne nous attirerait que des ennuis. Je ne sais pas... il a dû endoctriner la moitié du Yard et nous y voilà. Tous prétendent qu’ils ne peuvent entrer à cause d’un... champ de force, ou je-ne-sais-trop-quoi... C’est de la folie ! Et Toole qui me parle d’armes volantes (il pinça l’arête de son nez entre son pouce et son index et pousssa un long et profond soupir) décidément...

— Peut-être, avança Wilkes, peut-être est-ce la seule explication valable ?

— Deux fous prenant en otage le Yard ?

— Oui. Comment auraient-ils pu maîtriser la moitié de ce commissariat avec des agents armés ? Il faut bien que l’explication vienne d’autre part...

Une fois encore, le Premier Ministre ne semblait pas plus convaincu que cela. Il se tapotait le bout des lèvres sur un regard fuyant, comme si la solution allait sortir tout droit de l’immense bibliothèque croulante sous les divers ouvrages qu’il avait en face de lui. Il annonça enfin, non sans un certain dépit :

— Bien. Je suppose qu’il faut que je contacte Monseigneur Doyle ?

Ses yeux limpides se fichèrent sur Wilkes. Le jeune homme ajouta :

— Je vais le faire pour vous.

Ce qu’il fit. Wilkes sortit de l’immense et imposant bureau du Premier Ministre. Le Secrétaire tremblait. Ses jambes parvenaient à peine à le porter à travers les longs couloirs du 10 Downing Street. Il prit un escalier de marbre blanc et poussa une porte sur sa gauche. Le jeune homme s’installa ensuite à son bureau et resta un instant immobile et pensif. Aucun des deux preneurs d’otages n’avait hésité un seul instant à faire feu. Leur façon d’agir était chaotique et pour le moins imprévisible. Bon sang ! Comment contrôler une situation aussi irréelle ? Des armes qui volent ! Wilkes pesta puis décrocha le téléphone et composa le numéro de Monseigneur Doyle. Après une brève attente, quelqu’un décrocha. Une voix, assez jeune, se fit entendre. Le Sécrétaire se présenta et détailla un peu plus la situation. La voix répondit avec calme :

— Nous le savons. Nous suivons les informations à la radio.

La main de Wilkes ne put s’empêcher de se resserrer sur le combiné tant il était tendu. La voix, claire, lumineuse et juvénile, reprit :

— Que fait Nigel Elmore ?

— Il... fait partie des otages.

— Hmm... (une brève pause durant laquelle il entendit des

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