L’Épée de Khaine by Mike Lee & Dan Abnett

Auteur:Mike Lee & Dan Abnett
La langue: eng
Format: epub
Éditeur: Black Library
Publié: 2011-08-15T00:00:00+00:00

Chapitre Quatorze

Contempler Les Abysses

Un vent chaud souffla sur Malus et mêla sa chevelure lâche tout en lui fouettant de visage de sable fin. Des plaines s’étendaient sans relief sur des kilomètres sans la moindre vie, hostiles.

Il était couché sur la poitrine, la tête vers le nord, les yeux rivés sur l’horizon déchiqueté de montagnes noires qui se dressait en lisière du monde embrasé. Malus vit que l’un des pics présentait une brèche, comme s’il avait été fendu par la hache d’un dieu. Au pied de cette montagne, dans un bois mort et desséché, sillonnait une route de pierres noires qui donnait sur un temple ancestral.

Il avait tenté d’assumer son rôle. Il avait tenté de rassembler les cinq reliques, mais il avait finalement échoué. C’était trop, trop pour un homme.

Les sables se dissipèrent soudain. Le vent du désert les lui subtilisait avant de les emporter dans le ciel blême.

Il voulut se mettre sur ses genoux, mais son corps refusa d’obéir. Une douleur brûlante attaquait sa peau comme un charbon ardent et lui coupait le souffle. Il avait rampé pendant des kilomètres pour atteindre le temple et suppliait le démon de libérer son âme corrompue. La terreur l’avait saisi à l’approche de l’heure où Tz’arkan s’emparerait de son âme pour toujours.

Une main, fraîche et puissante, lui agrippa l’épaule. Une douleur intense le fit hurler quand on le retourna sur le dos. Une lumière blanche et cruelle voulait pénétrer ses paupières closes. Puis une ombre le recouvrit, occultant le soleil impitoyable.

Il sentit une caresse le long de sa joue boursouflée. La peau était rugueuse, avec des cals sur la paume et les doigts.

— Vous souffrez, mon seigneur ?

La voix, féminine et profonde, lui rappela l’excursion esclavagiste qu’il avait menée sur les mers avant la malédiction du démon.

— Il faut que j’atteigne le temple, coassa-t-il en haletant des caillots.

Ses doigts gourds tripotaient sa toge déchirée.

— J’ai mal, dit-il.

Des larmes amères creusaient des sillons dans la crasse qui lui croûtait le visage.

— Il y a un démon en moi…

— Chut, mon seigneur, dit-elle, la corruption vous a rendu fou. Je ne laisserai pas le démon vous prendre. Ne craignez rien.

Des doigts sondèrent délicatement la déchirure. Malus ouvrit les yeux pour scruter le visage de Lhunara. Elle lui sourit et le globe gonflé de sang qui lui avait servi d’œil droit manqua sortir de son orbite dévastée. Le sang et les humeurs nauséabondes suintaient d’une terrible plaie dans son crâne et des vers frétillaient dans sa cervelle putréfiée, dérangés par la chaleur torride.

Ses doigts s’agitèrent sur la toge en loques, puis sur la blessure. Il sentit le contact froid sur ses côtes et hurla quand elle contracta le bras pour ouvrir la cage thoracique. La chair et les os cédèrent dans un déchirement de pourriture.

Elle baissa la tête vers le trou béant et commença à se repaître en mordant les organes comme un loup et il ne put rien faire de plus qu’ouvrir la bouche pour brailler.

Des mains le secouèrent, délicatement d’abord, puis avec davantage de vigueur.

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