La Quête de l’Orphanus by Viviane Moore

Auteur:Viviane Moore [Moore, Viviane]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier Historique
Éditeur: 10/18
Publié: 2022-03-03T09:37:01+00:00

MACABRE DÉCOUVERTE

43

Ils quittèrent la Jonction alors que la pleine lune éclairait encore le glacier. Dans le ciel, au-dessus des sommets, brillaient des milliers d’étoiles.

Sixtine glissa sa balise Arva dans son holster et la mit en marche avant de refermer son anorak. Elle alluma sa lampe frontale, vérifia son baudrier, son matériel, et enfila son sac à dos.

Devant elle, Jean-Lou enroulait autour de son torse la corde qui allait être leur ligne de vie. Enfin, il en tendit l’extrémité à Sixtine qui la noua par un nœud de chaise à son baudrier avant de la donner à Valente qui fit de même puis la passa à Martin qui fermerait la marche. Selon l’ordre de marche choisi par Jean-Lou.

Le vieux montagnard descendit de l’éperon rocheux et posa le pied sur la glace, vérifiant une dernière fois son équipement avant de s’éloigner. Quand il fut à une dizaine de mètres, Sixtine s’avança à son tour. Enfin, ce fut au tour des deux autres.

En file indienne, reliés par la corde tendue, faisant attention à toujours conserver la même distance, leurs ombres auréolées de la lumière des frontales s’étirèrent sur les Bossons.

Jean-Lou marchait lentement, prudemment, annonçant parfois un détour ou une crevasse à voix haute. Il n’avait plus rien de celui dont on se moquait dans la vallée et les autres le sentaient, qui mettaient leurs pas dans les siens. Pourtant, Sixtine était anxieuse, elle connaissait trop bien les dangers des traversées nocturnes, encore plus sur ce glacier-là. Elle avançait sur le qui-vive, attentive au craquement de ses pas dans la neige, et à leurs résonances souterraines.

Devant eux, rendu encore plus inquiétant par les ténèbres environnantes, c’était le chaos. Un enchevêtrement de crêtes, de lames, d’épines, de failles, aussi étrange qu’une tempête figée dans son élan, qu’une mer dont les vagues auraient gelé.

Sur cette étendue hérissée de séracs, chaque bruit était un signal d’alerte. Le glacier, tailladé d’insondables précipices, était une créature vivante qui gémissait et frissonnait.

Depuis un moment, ils longeaient l’un de ses abîmes quand Jean-Lou s’arrêta, désignant un pont de neige.

— Nous traversons ici. Assure-moi, ordonna-t-il à Sixtine.

La jeune femme obéit aussitôt, utilisant la panne de son piolet pour enlever la neige et la glace friable avant d’atteindre une couche plus compacte. Elle posa une première vis, puis, après avoir vérifié que ça mordait bien, déplia la manivelle. Quand elle eut fini, elle y fixa un mousqueton puis saisit une autre vis à glace afin d’avoir un second point d’ancrage.

Là-bas, les autres s’étaient arrêtés, maintenant la corde tendue entre eux.

— C’est bon, vas-y ! s’écria Sixtine au bout de quelques minutes.

Jean-Lou avança sur la fragile passerelle dont la neige glacée crissait sous ses crampons. Une fois de l’autre côté, il installa deux solides ancrages.

— À toi !

Après avoir passé le pont de neige, la cordée repartit. Le soleil se levait sur les cimes, dévalait les pentes, la lumière changeait.

Comme chaque fois qu’elle était en haute montagne, Sixtine eut l’impression que le temps se dilatait, qu’il perdait la légèreté qu’il possédait dans la vallée, gagnant en intensité.

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