La pierre parlante et autres nouvelles by Asimov Isaac

La pierre parlante et autres nouvelles by Asimov Isaac

Auteur:Asimov Isaac
La langue: fra
Format: epub
Tags: Collection SF-Fantastique n° 129
Éditeur: LIBRIO
Publié: 1997-04-15T00:00:00+00:00


Leurs longs cheveux flottaient dans le vent et le froid glacial et mordant leur rougissait la peau. Les derniers rayons pourpres de soleil frappaient toujours plus haut sur les pentes. Ils illuminèrent le sommet, puis disparurent. Le bref crépuscule martien n’allait pas tarder à céder la place à la nuit. Déjà l’Étoile du Soir – la Terre – scintillait, et son satellite, la Lune, semblait plus proche d’elle que la nuit précédente.

Allen n’avait pas conscience des minutes qui s’écoulaient. Il était bien trop absorbé par cette neuve et exaltante sensation de voler dans une quasi-apesanteur et se contentait de suivre son frère. Même le froid glacial, toujours plus mordant, le laissait indifférent.

En revanche, chez George, ce qui n’avait été d’abord que de l’anxiété se transforma en panique.

— Hé, Allen, arrête-toi ! lui cria-t-il.

Se penchant en arrière, il mit fin à sa course par un léger bond plein de grâce et d’aisance. Allen essaya d’en faire autant mais, ayant brisé son rythme, s’étala de tout son long. Il se releva et se mit à accabler son frère de reproches. Mais le Ganymédien ne l’écoutait même pas. L’air sombre, il demanda :

— T’as une idée de l’endroit où on est, Allen ?

Allen, la gorge brusquement serrée, regarda autour de lui. Les choses vous paraissent toujours différentes dans la semi-obscurité, mais là elles l’étaient par trop.

— On devrait être en vue du mont Chauve, non ? demanda-t-il d’une voix étranglée.

— Et d’puis longtemps ! Tout ça, c’est la faute de ce sacré séisme. Les éboulements ont dû effacer les pistes. Les sommets eux-mêmes se sont écroulés… Allen, inutile de s’le dissimuler, on pourrait pas être plus perdus qu’on l’est.

Ils se turent un moment, incertains sur la marche à suivre. Le ciel s’était embrasé et déjà les collines s’enfonçaient dans la nuit. Allen passa sur ses lèvres bleues de froid sa langue sèche.

— Nous ne devons plus être qu’à quelques milles d’Arésopolis, fit-il. Nous allons tomber dessus d’un moment à l’autre, si nous cherchons bien.

— Faut voir la situation telle qu’elle est, Terrien ! cria George d’une voix rageuse. La nuit martienne, qu’est-ce t’en fais ? La température, qu’est déjà bien au-dessous de zéro, va s’abaisser de minute en minute. Pas l’moment d’chercher not’direction. On va aller droit d’vant nous, et si on n’est pas arrivés d’ici une demi-heure, on n’arrivera jamais.

Allen ne le savait que trop et l’allusion au froid toujours plus mordant ne fit que le rendre plus conscient de la gravité de leur situation. Claquant des dents, et remontant le col de fourrure de son blouson, il suggéra :

— On pourrait allumer un feu !

Mais il le disait sans beaucoup de conviction.

— Du feu ? Avec quoi ? fit George, complètement démoralisé. Quand j’pense qu’on est arrivés à un mille de c’te foutue ville et qu’on va probablement mourir de froid. Allez viens, continuons à courir. On a pt’être une chance sur cent.

Mais Allen, le regard fiévreux, le retint.

— Les feux de camp ! dit-il comme se parlant à lui-même. C’est une chance à courir.



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