La Philosophie Du Cinéma by Dominique Chateau

La Philosophie Du Cinéma by Dominique Chateau

Auteur:Dominique Chateau [Chateau, Dominique]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Armand Colin
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Les philosophies de la différence

La déconstruction : un renouvellement de l’analyse textuelle du film ?

La phénoménologie est d’abord une philosophie au sens strict que ses auteurs ou ses zélateurs ont ensuite tournée vers le cinéma, vers la littérature, vers l’art. Elle commence par une théorie de la connaissance ou, plutôt, une théorie de l’expérience du monde avant toute relation de savoir, et se prolonge souvent dans une esthétique. La déconstruction est d’emblée une théorie de la connaissance intimement mêlée à une esthétique ou, du moins, dans laquelle des objets esthétiques, notamment la littérature et la peinture, jouent un rôle éminent. Il arriva à Derrida d’avouer que son intérêt pour l’écriture littéraire n’était pas loin de dépasser sa passion pour la philosophie (1990a : 143) et, arguant du même primat de la littérature sur la philosophie, des concurrents philosophes ont cru pouvoir reléguer son œuvre hors champ disciplinaire. En fait, la prééminence des objets esthétiques et, d’abord, de la littérature, est chez lui parfaitement consonante avec une conception de la philosophie qui prétend rompre radicalement avec les conceptions précédentes de la discipline en refusant la contrainte du concept, du système, et la domination de la parole sur l’écriture. Logocentrisme et phonocentrisme vont de pair : le concept fige dans l’univocité ce qui devrait être pensé comme différence, dissémination, négativité, etc. ; la critique « traditionnelle » de l’écriture, au profit de la parole, exprime une méfiance envers la pluralité et la circulation du sens qui caractérisent le texte à travers ses interprétations. On voit donc pourquoi la déconstruction derridéenne est hautement concernée par les objets esthétiques – non seulement la dissémination est une notion mallarméenne (1972a), mais c’est dans et vis-à-vis de la littérature qu’advient la pluralité du sens –, et ne saurait viser une esthétique au sens systématique du terme – non seulement l’objet esthétique est par nature antisystématique, mais encore sa théorie, loin de devoir lui assigner une sorte de domaine réservé, veut en faire le centre d’une problématique philosophique générale.

On pourrait penser, de prime abord, que le cinéma n’est pas un bon objet pour cette philosophie tout arc-boutée sur le texte (puisque son refoulement dans la pensée philosophique ou linguistique traditionnelle manifeste au plus haut point les exclusions par lesquelles celles-ci assoient la domination du logos) : le cinéma, après la courte période où le muet imposa l’égalité de l’image et du texte de l’intertitre, n’est-il pas devenu un art essentiellement parlant ? Quant à l’image elle-même, bien qu’elle puisse inclure des mentions écrites, n’est-elle pas d’une nature rétive à la pure textualité ? Dans cette apparente impasse, Metz a ouvert une brèche en distinguant nettement l’analyse du langage cinématographique et l’analyse du texte ou de l’écriture filmique (1971), d’où procéda la naissance, à côté de la théorie générale de la sémiologie du cinéma, de ce qu’on appela l’analyse textuelle des films. Langage et Cinéma, dit Metz, concerne la première et « s’il a été question de la seconde (…), c’était pour essayer de définir ses liens (et



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