La Mal-Aimee by Ma M-A

La Mal-Aimee by Ma M-A

Auteur:Ma, M-A
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions L'Harmattan
Publié: 2000-05-03T00:00:00+00:00


CHAPITRE XIII

Le vent soufflait en ouragan ; il régnait une chaleur accablante. Les arbres de la côte défilaient comme une armée d’ombres tandis que la pirogue à moteur, cabrée, la proue très relevée, semblait ne plus toucher les flots. Fortement secouée, l’embarcation filait dans un vrombissement qui vrillait les oreilles. U Saw Han avait enfoncé son chapeau sur la tête de sa femme. Wai Wai devait sans cesse en tenir la bride pour l’empêcher d’être emporté. A travers ses lunettes de soleil, l’eau et le ciel paraissaient uniformément verts. D’une main son mari lui étreignait l’épaule tandis que de l’autre, il écartait les cheveux que le vent venait plaquer contre son front. Tous deux n’arrivaient guère à se comprendre à cause des pétarades du moteur. Aussi contemplaient-ils sans mot dire le paysage qui les entourait : des bouquets d’arbres, des rizières, des rangées de paillotes… Sur le fleuve même régnaient des bruits de machines : était-ce les moulins des rizeries ? Souvent, ils dépassaient des attroupements de gens qui semblaient attendre debout sur les berges. La masse d’eau soulevée par l’étrave de la pirogue retombait en gerbes d’écume qui ravissaient la jeune femme. Les rayons du soleil y traçaient des arabesques qui, à travers les lunettes bleu vert, prenaient des teintes irisées. U Saw Han, pour éviter à sa femme la fatigue de maintenir son chapeau, en saisit la bride et la retint d’une main tandis que de l’autre il tenait son épaule enlacée.

Depuis que son père était parti à Rangoon, Wai Wai ne voulait plus rester confinée à la maison toute la journée. Pour ne pas s’ennuyer, elle accompagnait presque toujours son mari dans ses déplacements en bateau. L’absence de son père avait créé un grand vide dans son cœur. Au début, à chaque fois qu’elle regardait la maison familiale, elle se sentait toute désemparée et pleurait. Avant le départ de son père, il y avait eu la visite quotidienne permise par son mari. A chaque fois, dès que celui-ci avait tourné les talons, ce n’était qu’arrivées en toute hâte au chevet du malade, veillées sous son regard sombre, lourd de signification, et départs précipités au retour de l’époux… Mais le jour où son père lui avait remis les bijoux de sa mère, elle avait noté sur les lèvres un sourire réconfortant. A présent, tout ce qui lui restait à espérer, c’était les lettres de Hta Hta. Depuis cinq mois que son père était parti, sa santé s’était un peu améliorée, mais il se sentait toujours aussi las. Comme le médecin l’avait prévu, il ne pouvait même plus quitter son lit. Wai Wai aurait tant voulu aller le voir ! A présent, la maison familiale semblait presque vide. Elle ne s’y rendait même pas une fois par mois, d’autant plus que son frère, toujours en déplacement ou à la rizerie, n’y était presque jamais. Il ne venait pas lui rendre visite, lui non plus, préférant lui envoyer sa femme de temps à autre pour lui transmettre un message ou une lettre.



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