La Haute Savoie 1 by Francis Wey

La Haute Savoie 1 by Francis Wey

Auteur:Francis Wey [Wey, Francis]
La langue: fra
Format: epub, mobi
Tags: récits d'histoire et de voyages
Éditeur: Les Bourlapapey Bibliothèque numérique romande
Publié: 2013-11-09T10:09:56+00:00


Un matin, que les nuages se dispersaient avec une lenteur rassurante à travers leurs pays bleus, un ami vint nous surprendre et nous entraîna sans peine à une partie improvisée. Il s’agissait d’aller visiter, à quelques lieues, au delà du bourg de Thorens, l’emplacement du château détruit par Louis XIII en 1630, où naquit saint François de Sales, et, tout auprès, l’ancien manoir de la maison de Compey. Notre compagnon était pour moi un ami d’enfance, transféré en Savoie par des fonctions publiques. Il avait auprès de lui son père, objet pour tous deux d’une filiale affection, sa jeune femme, une sœur, et une jolie enfant qui sanctionne la fraternité des anciens amis par des brevets d’oncles, afin d’accroître le nombre de ses bons vassaux.

La journée s’annonçait joyeuse ; elle s’ouvrit par des éclats de rire, à l’aspect des véhicules fantasques entre lesquels il fallait choisir pour nous empiler. Il y avait, sous la remise, des chars où la moitié du convoi chemine de dos, les jambes pendantes entre les roues de derrière ; ainsi vont les écrevisses quand elles ont des motifs pour reculer ; puis, des chars de côté, enveloppés d’une capote, où l’on trottine latéralement comme des crabes. C’est dans un de ces équipages qu’un Anglais ayant fait le tour du lac de Genève par Nyon et le visage tourné vers le Jura, s’enquit en arrivant, de la situation du Léman, sans se douter qu’il l’avait eu constamment derrière lui. L’enfant, dont la voix, au chapitre des divertissements, est justement prépondérante, déclara qu’elle ne voulait pas s’aligner dans un cuit-pommes où l’on ne peut rien voir, et l’on passa à d’autres combinaisons. La plus triomphante est un double char à bancs de côté, entièrement découvert, où l’on s’installe dos à dos, si bien qu’en montant de droite et de gauche avec ensemble, on ne manque pas de se cogner les uns contre les autres. Cette facétie sur quatre roues offre un autre genre d’agrément : si vous êtes adossé à un compagnon vigoureux et pétulant qui, renversé en arrière par une secousse, cherche brusquement un appui pour ses reins, il vous lancera d’un choc hors de la voiture. De tels motifs étaient déterminants ; nous escaladâmes ce wagon burlesque, locomotivé par une haridelle à longs poils, de la force de près d’un cheval. Cette mécanique-là est fort usitée en Savoie, dans le Faucigny surtout, où ces sortes de chars se nomment des équalis. Siméon Dornheim, qui possède d’irréprochables équipages, n’en prisait que mieux la fantaisie de ces berlingots ; la bonhomie de notre gaieté lui rendait les illusions de sa Flandre natale, impression souvent renouvelée, du reste, par la simplicité amicale des naturels du pays. « Ces Savoyards, s’écriait-il, ce sont de vrais Flamands ! » Chacun les trouve ainsi tant soit peu de son pays, et cette humeur-là prédispose leurs populations émigrantes à s’acclimater partout.

En approchant du pont de Brogny, lancé, à l’extrémité d’une longue plaine, sur le torrent encaissé du Fier, dont le lit semble s’élargir à mesure qu’on se rapproche de sa source, le cocher nous invita à descendre.



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