Dans le sillage de l'Invincible Armada by Laurent Joffrin

Auteur:Laurent Joffrin [Joffrin, Laurent]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fiction, Literary, Biography & Autobiography, General
Éditeur: Paulsen
Publié: 2018-10-17T22:00:00+00:00

Désormais, les Espagnols doivent manœuvrer pour reprendre leur place au mouillage. Beaucoup n’ont plus d’ancre et se mettent à errer sur la mer. Les autres ont peur, devinant les Anglais tapis dans l’ombre, prêts à bondir. Ils restent à l’écart pour attendre le jour et mieux évaluer leur situation.

Sur le San Martín, Flóres de Valdés a gardé son sang-froid. Il a coupé ses câbles, mais laissé des bouées pour les retrouver. Bordant à contre pour immobiliser son bateau, il retrouve son emplacement. Plusieurs galions l’imitent. Sur la dunette, Medina Sidonia affronte un début de mutinerie. Si le navire prend feu, lui crie-t-on, ils mourront tous et la flotte se retrouvera sans commandement. On le presse de se jeter dans un canot et d’attendre que les brûlots s’éloignent pour rejoindre un autre bâtiment. Il refuse. D’une voix calme, il confirme les ordres de Valdés et fait taire ses seconds. Un deuxième coup de canon est tiré pour ordonner à l’Armada de se rassembler à nouveau, mais peu l’entendent au milieu des détonations et des cris. Touchée par un brûlot qui a déclenché un incendie, à la dérive après avoir coupé ses câbles, la grande galéasse de Hugo de Moncada va se prendre dans les amarres d’un transport de troupes. Saisi par les grosses cordes, son gouvernail est arraché de la poupe dans un vaste craquement. Sans direction, elle atteint la côte et s’échoue sur un banc de sable.

Au petit matin, les navires de Drake, Howard, Hawkins et Frobisher voient devant eux le spectacle d’une Armada dispersée le long de la côte flamande, tentant de se reformer. Les Anglais la canonnent de loin, pour endommager les galions isolés, et repousser les autres vers le nord-est.

Howard repère la galéasse de Moncada, échouée près de Calais. Au lieu de poursuivre l’attaque, il se rapproche du bateau paralysé. Étrange décision pour un amiral… Il sait que chacun de ces bâtiments coûte une fortune. Il faut pour les construire déboiser une forêt entière, faire travailler des centaines d’ouvriers pendant des mois. En détruire un, ce n’est que blesser l’ennemi et Howard craint les bancs de sable où il peut s’échouer à son tour. Il fait lancer des canots chargés de combattants, qui s’avancent vers le vaisseau immobilisé. Au pied de la muraille de bois, ils sautent sur le sable. Les Espagnols bien retranchés les fusillent à bout portant. Ils sont plus de trois cents, sans compter les galériens enchaînés à leur banc. Ils peuvent tenir des heures. Mais les canots anglais arrivent les uns après les autres. Sur le pont, Moncada rallie ses hommes et galvanise la résistance. Soudain, il s’effondre. Une balle l’a frappé en plein front. Un grand cri s’élève dans la galéasse et les soldats espagnols succombent à la panique. Certains sautent sur le sable et se dirigent vers la plage. D’autres défont les chaînes des galériens et s’enfuient avec eux. D’autres encore accrochent à leurs mousquets et à leurs épées des chiffons blancs qu’ils agitent en signe de reddition. À l’intérieur de la galéasse, les Anglais commencent un pillage en règle.

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