La citadelle d'argent by Anthony Horowitz

Auteur:Anthony Horowitz [Horowitz, Anthony]
La langue: fra
Format: epub
Tags: jeunesse
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

12

Poisson mort

L’ascenseur « express » de la Citadelle était muni d’un unique bouton, que l’on ne pouvait manœuvrer qu’après avoir introduit une carte magnétique dans la fente située en dessous. La cabine s’élevait alors d’une seule traite et en moins d’une minute jusqu’au dernier étage. Des miroirs couvraient les quatre parois, renvoyant à l’infini l’image de l’homme qui s’y tenait. Il essuyait les paumes moites de ses mains sur son pantalon. L’ascenseur ralentit soudain, s’immobilisa, puis les portes s’ouvrirent et M. Banes en sortit.

Il s’engagea dans un couloir tapissé de tissu gris ; la porte lui faisait face, la seule de l’étage, encadrée de deux panthères d’ébène. La gueule ouverte sur un feulement muet, elles dardaient sur le visiteur un regard hostile.

M. Banes frappa à la porte, essuya une dernière fois ses mains sur son pantalon, et entra.

La pièce, spacieuse, éclairée par une baie vitrée qui semblait dominer le monde, offrait l’image d’un fabuleux tableau vivant. Les rayons du soleil couchant découpaient les cubes des immeubles sur le ciel rougeoyant et le panorama se modifiait à mesure que les milliers de lumières s’allumaient ou s’éteignaient. L’éclair argenté d’un avion décollant de l’aéroport Kennedy zébra le ciel.

Une silhouette assise au bureau se profilait en contre-jour. M. Banes cligna des yeux, aveuglé par le spot braqué sur lui. Immobile et silencieux, il se sentit assez soulagé de ne pas distinguer les traits de son interlocutrice.

« Monsieur Banes, je suis mécontente de vous, annonça la voix dure et impitoyable. Worm n’a pas réussi à tuer le garçon, au Radio City, et je crains que celui-ci n’ait surpris quelques informations concernant notre opération.

— En outre, il s’est allié à une jeune femme qui semble s’intéresser à nos affaires. Cela doit cesser. Comment se comporte son frère ?

— C’est un sujet difficile, avoua M. Banes d’une voix contrainte. Après tout ce qu’il a enduré, il se montre encore récalcitrant. C’est incroyable. N’importe quel gamin...

— Jeremy Helsey n’est pas n’importe qui, coupa la voix glaciale. Ne comprenez-vous donc rien ? Son pouvoir dépasse l’imagination.

— Nous progressons, lui assura M. Banes. A sa place, d’autres seraient morts, ou devenus fous. Nous sommes parvenus à vaincre presque toutes ses résistances et il commence à nous voir comme des amis. Encore une séance et...

— Je la superviserai personnellement. Ce soir. Par ailleurs, Worm se tient-il prêt ?

— Bien sûr. C’est la dernière livraison. Dans quatre jours nous pourrons passer à l’action. À ce stade de l’opération, je ne peux me permettre la moindre erreur : les cavaliers seront là cette nuit.

— Je comprends. »

La silhouette se pencha sur le bureau, les bras écartés. L’espace d’une seconde, on aurait cru un crapaud géant accroupi, prêt à bondir.

« Que décidez-vous, pour cette jeune femme ?

— La femme nous importe peu, monsieur Banes. Sans Nicholas Helsey, on la prendra pour une excentrique inoffensive. C’est le garçon qui pose problème. Il est temps de le mettre hors d’état de nuire.

— Quels sont vos ordres ?

— Retournez sur l’île et préparez Jeremy pour la séance de ce soir.

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