La Chair et l'Acier by Guy Haley

La Chair et l'Acier by Guy Haley

Auteur:Guy Haley
La langue: fra
Format: epub, mobi
Éditeur: Black Library
Publié: 2022-03-22T09:01:15+00:00


CHAPITRE QUATORZE

Un virtuose de la chair et de l’acier

Nous suivîmes Djelling le long du corridor richement décoré, puis dans un autre, terminé par une porte percée d’un hublot rond à la vitre teintée de vert. Les crânes suivaient toujours, en retrait.

— Les ateliers, annonça Djelling.

Il posa la main sur un lecteur de paume et le panneau s’écarta.

Immédiatement, l’odeur me saisit à la gorge. Cela faisait penser à un dépôt de viande réfrigéré où le parfum des produits astringents peinerait à camoufler le fumet de la putréfaction naissante, le tout relevé de quelques notes d’excréments parmi les effluves de sang et de chair pourrie.

Le pire, c’était le vacarme. Des supplications, des hurlements, des prières, des pleurs ; tout l’éventail sonore de la terreur et de la misère humaine.

J’ai pourtant l’estomac bien accroché et je ne suis pas particulièrement enclin à m’apitoyer sur le sort de ceux qui ont mérité leur punition, mais ce que j’ai vu dans ce transmutorium continue de me hanter.

Une file de captifs nus s’étirait en zigzags entre deux hautes clôtures grillagées, sous la surveillance de laquais de l’Adeptus Mechanicus en combinaisons environnementales, armés d’électromatraques. Je ne vis que des adultes, hommes et femmes confondus, que les gardes aiguillonnaient comme du bétail le long de l’étroit couloir. La comparaison me parut valide, à plus d’un titre : réduits à l’état de bêtes à viande, ces citoyens étaient jetés à l’abattoir pour satisfaire l’appétit dévorant du Dieu-Machine.

J’ai eu le privilège de manger de la vraie viande toute mon enfance, mais aussi la malchance de découvrir exactement d’où elle provenait ; encore un cadeau de mon père, à l’occasion d’une de ses maudites visites dans l’une des innombrables entreprises possédées par la famille.

Cette fabrique de servitors ressemblait davantage à une boucherie qu’à un atelier. Tout était pensé pour simplifier le nettoyage : de grands rideaux de plastek séparaient les différentes stations et des servitors décapeurs, le réservoir greffé entre les omoplates, déambulaient en aspergeant la moindre tache. Poussée par les jets d’eau pressurisée, la crasse filait sur le carrelage parfaitement lisse et légèrement incliné, avant de disparaître dans les siphons et rigoles d’évacuation. La passerelle que nous empruntâmes surplombait tout cela, et nous croisâmes plusieurs nids-de-pie où des sentinelles équipées de fusils galvaniques veillaient au grain. Au fil de notre trajet en hauteur, je pus suivre presque l’intégralité du processus de triage.

Tandis que la file avançait lentement, les captifs passaient sous une succession d’arches métalliques brutes et fonctionnelles, supportant une variété de scanners qui émettaient un flux constant de tintements approbatifs. De temps à autre, l’un de ces portiques beuglait une protestation hargneuse et se couvrait de lumens clignotants rouges. Le criminel non éligible se voyait alors immédiatement évacué par une trappe qui s’ouvrait sous ses pieds. De ces fosses montait une puanteur difficilement soutenable, accompagnée d’un chœur de grincements et de craquements de broyeurs industriels. L’un des hommes ainsi refusés parvint à s’accrocher au rebord et resta suspendu un instant dans l’entrebâillement du puits, les bras et les mains en sang.



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