Kadogos by Roux Christian

Auteur:Roux, Christian [Roux, Christian]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Rivages/Noir
Publié: 2008-12-31T23:00:00+00:00

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31 mars, 8 h 30

La mort de Jeanne Yvernais fit du mal à Marnie. Il n’était pas sûr que la jeune prostituée ait trouvé le bon moyen de se défendre mais elle avait l’air de bien s’en sortir. Et puis l’idée de cette tête séparée de son corps… c’était d’autant plus cruel que, dans le cas de cette femme, les deux allaient particulièrement bien ensemble. Pour ce qui était de Karlin Delafoy, Manie s’en foutait complètement, sauf que la façon dont il avait été tué prouvait qu’on avait affaire à des crimes en série.

Elle apprit ça le lendemain matin, en lisant Le Parisien, alors qu’elle prenait son petit déjeuner dans l’hôtel où elle était descendue. Elle remonta dans sa chambre, avec un troisième café. Il fallait qu’elle réfléchisse vite et bien. Si elle n’avait pas encore eu la police dans les pattes, ça n’allait pas tarder. Il se trouvait que Marnie avait à chaque fois une longueur d’avance sur les flics, mais ce n’était qu’une question de chance et s’il y en avait une sur laquelle il ne fallait jamais compter, c’était bien celle-là.

La mallette n’avait rien donné. Elle ne contenait qu’un ordinateur portable et quelques dossiers en cours, sans aucun rapport avec l’affaire qui intéressait Marnie. Le vieux Bermann avait disparu depuis vingt-quatre heures, tout ce qui le concernait avait dû être passé au broyeur depuis longtemps, et le contenu du portable était protégé par un mot de passe. N’en eût-il pas possédé, d’ailleurs, que Marnie n’aurait pas forcément su s’y promener. Elle ne travaillait pas sur ordinateur et n’utilisait jamais de connexion Internet – comme toute forme de réseau, c’était à ses yeux une formidable source de renseignement pour la police et il était pour elle hors de question qu’elle laissât quelque trace que ce fût sur ce genre de réseau. Elle s’en voulut de n’avoir pas questionné Karlin Delafoy la veille. Sur ce coup-là, elle s’était montrée trop prudente, et elle risquait de le payer cher. Au premier abord, elle avait été sceptique à l’idée qu’un homme pouvait garder tous ses secrets sur lui, comme ça. Mais bon nombre de cadres se promenaient maintenant avec leur ordinateur portable pour pouvoir travailler leurs dossiers en toutes circonstances, et qui savait ce qu’ils cachaient vraiment au fin fond de leurs puces en silicium ?

En attendant, maintenant que Karlin Delafoy était mort, Marnie ne savait pas trop dans quelle direction chercher. Elle avait à sa disposition l’album photo, le carnet d’adresses et l’agenda de Catherine Bermann d’un côté, et un ordinateur portable de l’autre. Ce n’était pas rien. En recoupant toutes les informations qu’elle pourrait y glaner, elle tomberait certainement sur quelque chose. Mais serait-ce la bonne chose ? N’allait-elle pas passer son temps à courir derrière, ou juste à côté, d’une bande d’éviscéreurs fous ?

Et ce cadavre, son cadavre, qui allait le payer, maintenant ?

Elle s’observa. Elle buvait un café froid, mélange complètement raté de robustas et d’arabicas, assise sur un couvre-lit orange, dans une pièce couverte de papier

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