Joséphine, l'obsession de napoléon by Gérald Messadié

Joséphine, l'obsession de napoléon by Gérald Messadié

Auteur:Gérald Messadié [Messadié, Gérald]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire
Publié: 2012-02-24T23:00:00+00:00


DEUXIÈME PARTIE

LES TOURBILLONS DES CIMES

21

La course forcée des captifs

Pour Joséphine, la nomination de son époux au titre de consul exaltait en principe son personnage social. En fait, elle réduisait son statut de femme à celui de servante absolue de la gloire de son époux. Elle avait perdu son principal protecteur, Barras, et l’homme qu’elle avait tendrement aimé n’était plus qu’un souvenir que le succès menaçant de Bonaparte tiendrait à distance. Elle allait affronter bien d’autres déceptions.

Et surtout, le clan des Bonaparte avait pris une importance envahissante. Elle l’avait compris aux divers récits des 18 et 19 brumaire qui lui avaient été faits par plusieurs témoins, dont Eugène : sans Lucien Bonaparte, le coup d’État aurait été foireux.

La dernière complicité dont elle disposait était celle de Fouché. Épris du pouvoir comme d’autres pouvaient l’être de femmes, il filait comme un furet d’un poulailler à l’autre, s’habillant des idées utiles.

Depuis qu’elle les entendait réciter, d’Alexandre de Beauharnais aux hommes qui gravitaient près des cimes, elle n’avait que méfiance à l’égard des grandes pétitions de principes politiques ; c’étaient pour elle des déguisements où pouvaient se tapir des couleuvres ou des araignées. Même si les heures et les jours écoulés depuis les événements de Saint-Cloud avaient été trop haletants pour y penser, elle savait que seules comptaient désormais deux réalités : le pouvoir et le clan.

Sa vie de plaisirs ne l’y avait guère préparée.

Le pouvoir s’imposa d’abord : elle était à peine remise de ses émotions, le 20 brumaire, que Bonaparte lui annonça leur déménagement immédiat.

— Mais où donc ?

— Au Luxembourg. Dans l’ancien appartement de Gohier.

— Mais lui, qu’est-il devenu ?

— C’est un imbécile, ma chère. Il ne comprend rien. Peut-être devrais-je le faire déporter.

Laconique exécution verbale d’un directeur dont il avait, peu de jours auparavant, été le subordonné. Il affichait désormais un mépris souverain pour Gohier autant que pour Barras ; on ne peut estimer des hommes qu’on a vaincus ; s’ils l’ont été, c’est en raison de leur médiocrité.

Il fallait donc quitter ce havre de l’ancienne rue Chantereine, ce nid assemblé avec tant de soin, et où parfois erraient les fantômes obstinés des amours d’antan.

Le 24 brumaire de l’an VIII, c’est-à-dire le 15 novembre 1799, elle entassa dans des malles les robes, les attifets et les objets de la vie quotidienne qui la suivraient dans sa nouvelle demeure. À 10 heures du matin, la berline du consul Bonaparte emporta son épouse et la jeune Hortense en direction de leur nouvelle adresse. Ancienne résidence du comte de Provence, l’émigré qui se faisait déjà appeler Louis XVIII, puis prison sous la Révolution, le palais de feu le Directoire était sans doute plus vaste que l’hôtel de la rue de la Victoire, mais il était morne, sinon lugubre, et en tout cas mal chauffé. Barras, du temps qu’il y séjournait, l’avait bien fait restaurer, mais les appartements des Gohier n’étaient guère intimes, pour dire le moins.

Le palais imprégna Joséphine d’un sentiment sinistre. Aussi était-ce là qu’Alexandre de Beauharnais avait été détenu avant et après son séjour aux Carmes.



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