Juste Puni by Anaïs W

Auteur:Anaïs W. [W., Anaïs]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2018-09-28T22:00:00+00:00

Chapitre 19

Le vendredi, un de nos profs est absent et nous avons notre après-midi de libre. Je traîne au centre-ville avec toute la bande puis les suis au terrain de foot pour un match improvisé. Heureusement, avec la météo clémente, je n’ai pas mis mes nouvelles chaussures. Surtout que la situation avec Jim risque de déraper à tout moment. Je m’en voudrais d’abîmer mes pompes en lui bottant le cul… Jim tente encore de percer quelques-uns de mes secrets de boxeur et me pousse toujours plus loin dans mes retranchements. Sarcastique, je lui propose d’essayer. Il refuse, le sourire aux lèvres. Rira bien qui rira le dernier. Ce n’est que partie remise, peut-être pendant la soirée chez Éric le lendemain.

Lorsque je rentre, grisé par cette séance sportive, mon père est debout au milieu du salon. Il me fait face, les yeux couleur encre. Je referme derrière moi, soudain inquiet.

– Je t’ai vu avec tes amis, pourriture ! Alors, c’est ça tes fréquentations ? Des types qui te donnent l’accolade et qui te tendent la main quand tu te ramasses la gueule ?

Je suis plaqué contre la porte, la nausée me prend à la gorge. Impossible que ça se finisse bien.

– Je te croyais au fond d’un garage avec des merdes dans ton genre, à te faire chier ! Putain de menteur ! Et je te prends à te pavaner et à rigoler, comme si t’avais la vie devant toi !

Le bourreau est au bord de l’implosion. Il va me punir pour cette liberté volée. La sentence pour la guitare avait été rude… celle-ci s’annonce cataclysmique.

– T’es qu’un putain de traître ! Tu te permets de prendre du bon temps après ce que t’as fait !

– Je…

Trop tard. En deux pas, sa main est sur moi, je tente de rester debout, mais il parvient à me faire chuter dans ma chambre. Il pousse la porte pour étouffer mes cris.

– Traître !

La salve de coups s’abat, puis il m’agrippe par le col de ma veste pour me forcer à le regarder.

– Bordel, tu crois vraiment que tu mérites d’avoir des amis ? T’as toujours pas pigé ?!

D’un geste, il attrape le mug qui me sert de pot à crayons sur le bureau, les stylos s’éparpillent sur le sol.

– Qu’est-ce qu’il va falloir que je fasse, hein, pour que tu comprennes ?

La porcelaine m’atteint entre les côtes. Plus je me débats, plus il frappe fort. Aucune partie de mon corps n’est épargnée. Bientôt je ne peux plus respirer et lâche lentement prise. Mon père s’arrête à ce moment, victorieux.

– Que ça te serve de leçon, enfoiré de merde, dit-il en se relevant. Et que je t’y reprenne pas.

Dans le flou, je le vois quitter la chambre. Avant de ne plus en être capable, je rampe sur mon lit pour me caler contre le mur et reste prostré des heures sans comprendre ce qui m’est arrivé. Pourquoi a-t-il fait ça ? Mon vieux a toujours su doser la liberté qu’il m’accorde. Il ne m’a jamais interdit d’avoir des camarades, pourquoi maintenant ça serait différent… Des larmes dans la gorge, je ferme les yeux.

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