Je m'appelle Parvana by Deborah Ellis

Je m'appelle Parvana by Deborah Ellis

Auteur:Deborah Ellis
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: ÉDitions Des Plaines
Publié: 2015-12-15T00:00:00+00:00


TREIZE

On avait ramené Parvana dans le petit bureau. Toujours debout, toujours le même garde qui la regardait fixement.

La journée n’était pas facile. Elle se sentait si fatiguée! Trop fatiguée, même pour évoquer quelque pensée qui aurait pu la distraire un peu.

Ils passaient leur temps à changer sa routine. Elle ne savait jamais ce qui se passait ou ce qui allait arriver ensuite. Et cela l’empêchait complètement de se détendre.

Ils n’arrêtaient jamais d’inventer de nouveaux moyens de la harceler. Ils ne la laissaient jamais dormir.

Leur dernière trouvaille avait été la musique. On lui faisait jouer de la musique dans sa cellule. À tuetête. On lui repassait toujours la même chanson en boucle, celle d’un jeune homme racontant un amour d’adolescence : Puppy Love. Sitôt terminée, la chanson reprenait de plus belle.

Dans le cerveau de Parvana, jamais une minute de silence, pas le moindre recoin où rassembler ses idées. Rien que cette ballade à l’eau de rose minute après minute, heure après heure.

Je vais devenir folle, pensa-t-elle. Malgré tous mes efforts, je deviendrai comme cette femme que j’ai aperçue sur la colline, il y a tant d’années. Elle ne faisait rien d’autre que rester assise à gémir, loin de tous.

Parvana se demanda si la femme était encore là. Peut-être pourrait-elle, elle aussi, aller s’asseoir et gémir sur la colline voisine. Elles pourraient se tenir compagnie, en quelque sorte.

Elle en était là dans ses pensées quand l’homme aux questions et la femme interprète firent leur entrée dans le bureau.

« Vous pouvez disposer », dit l’homme au soldat, qui salua avant de s’éclipser.

Ils avaient tous deux une tasse de café en carton et un livre à la main. L’homme tenait aussi une boîte de beignes ouverte qu’il déposa sur le bureau. Ils s’installèrent dans leur fauteuil et ouvrirent leur livre et se mirent à lire.

La vue des livres suscita en Parvana une exaltation qu’elle avait peine à contenir. Elle dut se retenir pour ne pas traverser le bureau, s’emparer des livres, se jeter sur le sol et se plonger dans la lecture.

Pour se calmer, elle se concentra sur les beignes.

Le carton en contenait six. Deux recouverts de sucre en poudre blanc. Deux au chocolat, avec glaçage au chocolat, et deux recouverts d’un glaçage rose parsemé de paillettes multicolores.

Parvana essaya de deviner qui mangerait quel beigne en premier. Puis elle fut ravie de constater qu’elle avait deviné juste. La femme prit un beigne au chocolat, l’homme en choisit un recouvert de sucre en poudre. Une grosse goutte de gelée rouge gicla sur sa botte. Il ne se rendit compte de rien.

Elle fit un peu de calcul mental ─ des fractions, des pourcentages axés sur le nombre de beignes restant dans la boîte ─ pendant que les deux officiers soulevaient le couvercle de leur café, ouvraient leur livre et reprenaient leur lecture.

C’est à cet instant seulement que Parvana jeta un coup d’œil à ce qu’ils lisaient.

L’homme lisait La Constance du jardinier, de John le Carré.

Parvana n’avait jamais entendu parler de ce livre, mais le titre lui plaisait.



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