Invocations by Plusieurs Auteurs

Invocations by Plusieurs Auteurs

Auteur:Plusieurs Auteurs
La langue: eng
Format: epub, mobi
Publié: 2020-09-23T21:40:54+00:00


DÉCLIN

Il entendit Johann se précipiter vers l’autre côté du cottage, martelant la terre de ses pas.

— Il est parti par-là ! s’écria Johann. Le long de l’abri vers le bas du terrain !

Fletch marqua une pause, à bout de souffle. À côté de lui, Peer leva son bâton. Il entendait le garçon respirer bruyamment à travers la toile de son masque. Il avait peur. Quoi de plus naturel dans ces circonstances ?

— Barre-lui la route ! s’exclama-t-il.

Il entendit Johann pivoter et foncer à travers le champ aride en direction des ombres troubles au bas de la côte. Il faisait noir, et le couvre-feu était en vigueur depuis deux heures. La brume avait plané au ras du sol toute la journée et maintenant que la nuit tombait sur la vallée, elle semblait s’élever en volutes, comme si la terre elle-même exhalait une haleine fétide. Sous son masque, imprégné de teintures et d’onguents à base de plantes, il avait le visage glacé. Il se retourna vers le cottage, la porte cassée pendant aux gonds.

— Reste ici, ordonna-t-il à son fils.

Peer acquiesça, la main crispée sur son bâton.

— Tout ira bien, le rassura son père. Tu n’as qu’à crier si quelqu’un sort du cottage et je reviendrai aussitôt. D’accord ?

— Oui, papa, répondit-il d’une voix tremblotante.

— Bien.

— M… Mais s’il revient ?

— Il ne reviendra pas, le réconforta Fletch. Mais si je me trompe, alors… cours. Et ne le laisse pas te toucher.

Johann l’appela de nouveau. Fletch s’élança sur le sentier principal. Il détestait laisser Peer en danger, mais son fils était costaud et assez mûr pour se défendre. Il le fallait. Si le cauchemar des trois derniers mois lui avait enseigné quelque chose, c’était que même les enfants n’étaient pas à l’abri de cette maladie, ni de ce qu’elle faisait à ceux qu’elle enserrait dans ses griffes. Rien ne l’était.

Les champs morts empestaient autour de lui. L’herbe flasque s’affaissait sur le côté. La brume se fendit et se referma derrière lui. Au loin, elle s’épaississait, se confondant avec la fumée qui montait de la fosse où l’on incinérait les cadavres.

Il avait perdu Johann de vue et hélé son nom, mais ses cris étaient étouffés par l’air stagnant, immobile. Au bout d’un moment, une voix lui parvint :

— Par ici !

— Des traces ?

— Non, rien. Je suis devant la buse près de l’enclos, mais je ne le vois pas.

Fletch s’arrêta à l’endroit où la route bifurquait vers la droite, en direction de la ferme des Karlsson. Le froid lui glaçait les os. Il se frotta les mains, son bâton posé contre son épaule : 1,80 m de noisetier poli, contondant des deux côtés. Johann les avait sculptés pour chacune des patrouilles.

Il dressa l’oreille, mais rien ne lui parvint hormis le murmure d’un courant d’air qui s’engouffra dans le brise-vent à la lisière sud du champ. La brume s’agita sous son passage, puis se déposa de nouveau dans les creux du sentier. Plus bas, à moins de trois kilomètres, il aperçut la lueur dansante d’une lampe-tempête : l’une des autres patrouilles, qui coupait par le carrefour.



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