Histoire d'un paysan - 1794 à 1795 - le citoyen bonaparte by Erckmann-Chatrian

Histoire d'un paysan - 1794 à 1795 - le citoyen bonaparte by Erckmann-Chatrian

Auteur:Erckmann-Chatrian [Erckmann-Chatrian]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire
Publié: 1869-07-02T23:00:00+00:00


Chapitre 11

Quelques jours après on sut que Bonaparte avait quitté le congrès de Rastadt, où les plénipotentiaires ne pouvaient s’entendre sur rien, et qu’il était à Paris. On voyait à la tête de tous les journaux :

« République française, 16 frimaire.

» Le général Bonaparte est arrivé à Paris, sur les cinq heures du soir. Il recevra son audience solennelle du Directoire exécutif, décadi prochain, dans la cour du Luxembourg, que l’on décore à cet effet. Il y aura un repas de quatre-vingts couverts, etc. »

Et puis le lendemain :

« Le général est descendu et loge dans la maison de son épouse, rue Chantereine, Chaussée d’Antin. Cette maison est simple, petite et sans luxe. »

Et puis :

« Les administrateurs du département de la Seine ayant annoncé l’intention d’aller voir le général Bonaparte, il s’est rendu lui-même au département, accompagné du général Berthier. L’ex-conventionnel Mathieu l’a salué ; le général a répondu avec modestie et dignité.

» Le tribunal de cassation a député plusieurs de ses membres auprès de Bonaparte ; ils ont été accueillis avec égards.

» Le juge de paix de l’arrondissement est allé présenter ses compliments au général Bonaparte ; le général lui a rendu sa visite.

» Bonaparte sort rarement, et dans une simple voiture à deux chevaux. »

Ainsi de suite.

Un jour, on voyait que Bonaparte avait dîné chez François de Neufchâteau ; qu’il avait étonné tout le monde en parlant de mathématiques avec Lagrange et Laplace, de métaphysique avec Sieyès, de poésie avec Chénier, de politique avec Galois, de législation et de droit public avec Daunou ; que c’était merveilleux, qu’il en savait plus qu’eux tous ensemble.

Le lendemain, Bonaparte avait rendu sa visite au tribunal de cassation. Il était arrivé à onze heures, avec un seul aide de camp. Tous les juges réunis, en costume, l’avaient reçu dans la chambre du conseil. Il en savait aussi plus qu’eux tous sur les lois.

Après cela venait la grande réception du Luxembourg. Les coups de canon ouvraient la fête. Le cortège des commissaires de police, des tribunaux de paix, des douze administrations municipales, de l’administration centrale du département et de cinquante autres administrations, se mettait en route pour aller le prendre et l’escorter : commissaires de la trésorerie, commissaires de la comptabilité, tribunaux criminels, institut national des sciences et des arts, états-majors, qu’est-ce que je sais encore ? La musique exécutait les airs de la république.

Et puis la peinture du cortège en marche, de sa route, de son arrivée, de l’autel en demi-cercle sur un vaste amphithéâtre, des drapeaux et des trophées, des cris d’enthousiasme ; le discours du ministre des relations extérieures Talleyrand-Périgord, le ci-devant évêque d’Autun, membre de la Constituante, qui, dans le temps, avait dit la messe au Champ de Mars et sacré les évêques assermentés, malgré le pape ; enfin un vrai farceur ! Ensuite le discours de Barras, qui parlait de Caton, de Socrate et d’autres anciens patriotes qui lui servaient de modèles ; la réponse de Bonaparte, les chants guerriers, etc., etc.

Pauvres diables de Mayençais ! pauvres



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