Histoire de l’Autriche by Hélène de Lauzun

Auteur:Hélène de Lauzun [Lauzun, Hélène de]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Perrin
Publié: 2021-02-23T19:44:34+00:00

Le fiasco mexicain et la recherche d’alliances

Au temps du compromis et des affaires de Bohême, la situation internationale est très riche de rebondissements pour François-Joseph, dont c’est bien sûr la chasse gardée. Les Affaires étrangères sont en outre entre les mains d’un ministre commun, siégeant à Vienne dans les prestigieux bâtiments de la Ballhausplatz. Le poste échoit tout d’abord au Saxon Beust, puis, à partir de 1871, au Hongrois Andrássy, parallèlement président du Conseil hongrois. La position de l’Autriche dans ces années évolue ; l’opinion tend à un rapprochement avec l’Allemagne, qui ne plaît guère à François-Joseph, mais a contrario l’alternative que représente l’alliance avec la France a tout d’une chimère.

L’encre des signatures déposées sur le texte du compromis est à peine sèche qu’un drame vient frapper l’empereur, mettant un terme à la folle équipée mexicaine entreprise aux côtés de la France. Depuis la fin de la guerre de Sécession, et la victoire du Nord, au mois d’avril 1865, pression est faite sur les Français pour les pousser à abandonner le Mexique. Napoléon III retire progressivement ses troupes. Au mois de février 1867, le dernier navire français fait voile vers l’Europe, et laisse seul Maximilien, l’archiduc d’Autriche et frère de François-Joseph, intimement persuadé qu’il est de taille à défendre, seul, un trône que nul ne reconnaît sinon lui-même. Au mois de juin, cerné par les partisans de Benito Juárez, il est condamné à se rendre. Il espère vainement être renvoyé en Europe, mais les Mexicains entendent bien lui faire payer son trône d’empereur fantoche, et le 19 juin, il est fusillé avec deux de ses généraux. Pour la France, l’affaire mexicaine était classée depuis quelque temps déjà ; mais en Autriche, la nouvelle terrible est bien difficile à accepter. On ne pardonne pas à la France d’avoir abandonné l’archiduc seul à son sort. L’archiduchesse Sophie, sa mère, ne parvient pas à se remettre de l’effroyable exécution, non plus que l’épouse de Maximilien, Charlotte, déjà bien engagée sur le sentier de la folie. Dans ces conditions, un rapprochement avec Napoléon III semble bien difficile : la France n’a pas su comprendre quel intérêt il pouvait y avoir à soutenir l’Autriche au moment de Sadowa, et elle a sur la conscience la mort d’un membre de la famille impériale.

C’est finalement l’empereur des Français qui prend l’initiative d’une reprise de contacts. Au mois d’août 1867, Napoléon III et Eugénie vont rendre visite à François-Joseph à Salzbourg, officiellement pour une visite de condoléances. Au mois d’octobre, c’est au tour de François-Joseph de venir à Paris, à l’occasion de l’Exposition universelle, cette même Exposition universelle qui, à défaut de permettre une entente entre les deux empereurs, vit lancer et triompher Le Beau Danube bleu : c’est peut-être, paradoxalement, le plus grand service que la France de Napoléon III ait rendu à l’Autriche. Des entretiens cordiaux, mais qui ne parviennent à déboucher ni en 1867, ni, deux ans plus tard, en 1869, malgré l’existence d’une lettre de Napoléon III à François-Joseph, dans laquelle il affirme être prêt à se porter à son secours en cas d’agression contre l’Autriche.

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