Histoire de la mondialisation capitaliste - Tome 1 by Édouard Descottes

Histoire de la mondialisation capitaliste - Tome 1 by Édouard Descottes

Auteur:Édouard Descottes [Inconnu(e)]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Les bons caractères
Publié: 2013-10-23T22:00:00+00:00


Du point de vue économique, le monde vers 1914 était partagé en deux aires. D’un côté, l’aire industrialisée, européenne, nord-américaine et, dans une moindre mesure, japonaise. Un monde « développé » qui représentait 15 % de la surface du globe et 40 % de sa population en 1913. De l’autre, le reste du monde, c’est-à-dire l’Amérique latine, l’Asie et l’Afrique. Les origines de la division internationale du travail actuelle, entre régions de la planète productrices de biens manufacturés et régions productrices de matières premières, remontent, pour simplifier, à cette époque. Surtout, au-delà des localisations géographiques des ressources, les firmes multinationales ont alors figé, avec l’aide de leurs États, une carte économique du monde dont les structures d’échange inégalitaire survivent un siècle plus tard.

À l’intérieur de l’aire industrialisée, l’hégémonie économique britannique était désormais contestée. Néanmoins, le Royaume-Uni dominait toujours « l’ordre mondial » et disposait notamment de l’empire colonial le plus vaste.

Mais les tensions internationales s’étaient aggravées à partir des années 1890. Ce que les classes aisées européennes ont dénommé a posteriori la Belle Époque touchait à sa fin et, avec elle, la première mondialisation.

Le déclin relatif de l’hégémonie britannique

À la fin du xixe siècle, la hiérarchie entre puissances économiques évolua, et les tensions commerciales s’accrurent. L’industrie du Royaume-Uni était de plus en plus concurrencée, sur son sol, en Europe et dans le monde, par les produits fabriqués en Allemagne (Made in Germany). Ce fut d’ailleurs le titre d’un livre à succès en Grande-Bretagne, publié par un journaliste anglais en 1896, qui dénonçait « l’inondation » du marché britannique par les produits allemands. Chauvinisme éhonté mis à part, la rapidité et l’importance de l’essor de la puissance industrielle et commerciale de l’Allemagne étaient effectivement impressionnantes.

Même réaction britannique chauvine face aux États-Unis, qui considéraient de plus en plus l’ensemble du continent américain comme leur chasse gardée : The American invaders (Les envahisseurs américains), publié en 1902, devint lui aussi un best-seller en Grande-Bretagne. Sur le continent américain, les produits US l’emportaient sur la plupart des produits britanniques ou européens. Ainsi, au début du xxe siècle, l’industrie des États-Unis produisait dix milliards de boîtes de conserve par an, dont une partie était exportée vers les pays « neufs » comme l’Argentine. Même chose pour le fil de fer barbelé, inventé par des Américains en 1874, dont par exemple l’Uruguay importa 14 000 tonnes en 1905.

Les rapports de forces commerciaux avaient donc changé. Le Royaume-Uni conservait toujours la première place avec 16 % du commerce mondial en 1913, mais il en représentait 23 % en 1880. Ce déclin relatif s’accompagnait de la montée en puissance de l’Allemagne, qui atteignit la deuxième place avec 12 % des échanges mondiaux en 1913, et des États-Unis, à la troisième place avec 11 %. La concurrence commerciale s’exacerba jusqu’en Asie : le Japon, nouvellement industrialisé, y représentait 42 % des importations dès 1913.

Ceci dit, la City de Londres restait la banquière du monde. À la veille de la Première Guerre mondiale, sur 48 milliards de dollars de placements extérieurs de capitaux, environ 20 milliards étaient toujours d’origine britannique.



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