Fred Vargas by Sans feu ni lieu

Fred Vargas by Sans feu ni lieu

Auteur:Sans feu ni lieu [lieu, Sans feu ni]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier - Crime - Mystère
Publié: 2011-05-24T22:00:00+00:00


21

Louis avait accepté de prendre un bus pour rallier le cimetière du Montparnasse. Les deux hommes marchaient maintenant rapidement dans la nuit.

— Il est tout de même bizarre, non ? dit Louis.

— Il ne pouvait pas savoir que tu cherchais le Sécateur, dit Marc. Il faut le comprendre.

— Non, je parle de ton collègue, Lucien. Il est bizarre. Je trouve.

Marc se raidit. Il s’accordait à lui-même le droit illimité de dénigrer Lucien et Mathias, et d’insulter violemment l’un ou l’autre, mais il ne tolérait pas qu’un autre en touchât un seul cheveu, fût-ce Louis.

— Il n’est pas bizarre du tout, répondit-il d’une voix cassante.

— Peut-être. Je ne sais pas comment tu le supportes toute l’année.

— Très bien, mentit Marc avec raideur.

— Ça va, ne t’emporte pas. Ce n’est quand même pas ton frère.

— Qu’est-ce que t’en sais ?

— Très bien, Marc, oublie ce que j’ai dit. Je me demande seulement si on peut lui faire confiance. Ça m’inquiète de lui confier Clément, il ne donne pas l’impression de bien saisir la situation.

— Écoute, dit Marc en s’arrêtant, fixant dans la nuit la haute silhouette de l’Allemand. Lucien saisit très bien la situation et ce type est plus intelligent que toi et moi réunis. Alors, tu n’as vraiment pas à t’en faire.

— Si tu le dis.

Marc, calmé, examina le long mur qui longeait le cimetière du Montparnasse.

— Par où on passe ? demanda Louis.

— Par-dessus.

— Tu es un grimpeur. Mais moi, je suis un boiteux. Par où on passe ?

Marc inspecta les environs.

— Là, les grandes poubelles. Tu passeras avec ça.

— Très bonne idée, remarqua Louis.

— Justement, les poubelles, ça a toujours été une idée de Lucien.

Les deux hommes attendirent qu’un groupe de passants s’éloigne et tirèrent une haute poubelle dans la rue Froidevaux.

— Comment on fera pour savoir s’il est là ? demanda Marc. Il est grand, ce cimetière. Il est en deux morceaux, en plus.

— S’il est là, il aura de la lumière, je suppose. C’est cela qu’on cherche.

— Pourquoi on n’attend pas demain ?

— Parce que tout urge, parce que c’est aussi bien si on peut le coincer de nuit, et seul. La nuit, les gens sont plus fragiles.

— Pas tous.

— Arrête de bavarder, Marc.

— Entendu. Je t’aide à monter sur la poubelle. Puis, je monte sur le mur, et de là, je te tire vers moi.

— Très bien, allons-y.

Marc eut tout de même du mal à le hisser. Kehlweiler pesait quatre-vingt-six kilos et atteignait le mètre quatre-vingt-dix. Marc trouvait ça excessif, et un peu insultant.

— T’as pris une lampe ? murmura Louis, légèrement essoufflé, une fois qu’ils furent tous les deux dans le cimetière.

Il était ennuyé pour son costume. Il avait peur qu’il ne soit foutu.

— Ce n’est pas utile pour le moment. On voit tout, il n’y a pas un arbre.

— Oui, c’est le cimetière juif. Avance lentement, vers les arbres.

Marc progressait sans faire de bruit. La présence de Louis sur ses talons le rassurait. Ce n’était pas tant le lieu qui l’impressionnait — encore que,



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