Et soudain tu n'étais plus là by R.J. Jacobs

Auteur:R.J. Jacobs [Jacobs R.J.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Suspense
Éditeur: Guy Saint-Jean
Publié: 2020-02-11T00:00:00+00:00

Dix-sept

— Levez-vous.

Une main brusque sur mon épaule, puis une autre sous mon bras pour me soulever. Des uniformes derrière moi. Ensuite, des voix et de la friture dans les radios.

— Depuis combien de temps est-elle dans l’eau ?

— Je ne sais pas. Elle était dans la baignoire quand je suis arrivée.

— À quelle heure était-ce ?

— Il y a dix minutes ?

Ma perception du temps était faussée. J’ai repensé à la pluie, à la rampe et aux échardes.

— Plutôt quinze minutes, ai-je rectifié.

On m’a peut-être tirée vers l’arrière ou alors je flottais. Des pas ont claqué dans mon dos et des chemises marines ont envahi la pièce et le couloir. Des lumières se sont allumées soudainement – les chambres, le couloir. Une voix a donné des ordres. Une autre me posait des questions. Je ne pouvais regarder personne dans les yeux. Je ne suis pas ici. Ceci n’est pas en train de se passer.

Quand je me suis levée, j’ai arpenté le couloir en frissonnant, avec un regard épouvanté. Je me tournais régulièrement vers Sandy, en espérant contre toute attente qu’elle allait s’asseoir, tousser et recracher de l’eau comme une fontaine. Que ce cauchemar prendrait fin.

Une chemise bleue est apparue devant mon visage, me bloquant le chemin. Une lumière a été braquée dans mes yeux jusqu’à ce que je repousse la main qui la tenait. J’agissais de manière insensée, j’en étais consciente.

Ils vont penser que je suis folle, ai-je songé.

Ou que je l’ai tuée.

Quelqu’un a prononcé le mot drogues. Une voix s’est adressée à moi :

— Qu’avez-vous consommé ce soir ?

J’ai avalé ma salive et secoué la tête. Je me demandais ce qu’ils savaient sur moi. Je me suis rappelé l’expression de Cal. J’ai tenté de trouver les mots pour décrire ce que j’avais pris ce jour-là, expliquer que c’était seulement pour contrôler mes symptômes – un stabilisateur de l’humeur –, mais mon esprit était obnubilé par une seule pensée : Sandy s’est noyée.

J’ai compris que je tentais de trouver une voie vers un lieu où ce qui s’était produit… n’était pas vraiment arrivé.

Je me suis mordu les cuticules en tournant sur place.

Il y avait de l’eau partout, des flaques sous les chaussures.

Qu’est-ce que je pouvais faire ? C’était là le problème – mon impuissance. Je ne pouvais absolument rien faire.

Je ne pouvais pas penser à Paolo – pas encore. Cependant, l’étendue de ce qui lui était arrivé, la façon dont il était mort, remontait en moi comme une bulle du fond de l’océan. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle n’atteigne la surface et se mêle à l’atmosphère.

Comment est-ce arrivé ? Le nom de Matt, sa silhouette sous sa veste à capuchon, l’odeur de tabac qui lui collait à la peau, se précisaient dans mon esprit.

Ensuite, il y a eu une autre voix, de la lumière se reflétant sur des insignes en métal, le crépitement d’une radio. Des mains se sont soudainement posées sur mes épaules.

— Pardon, mademoiselle.

Il ne voulait pas m’interroger, ai-je déterminé. Il voulait que je cesse de marcher de long en large.

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