des trains by Dictionnaire

des trains by Dictionnaire

Auteur:Dictionnaire [Dictionnaire]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 225920340X
Éditeur: Plon
Publié: 2005-12-31T23:00:00+00:00


Marquet, Mary

Actrice, 1895-1979

Ce fut une rencontre inoubliable. Elle était assise au restaurant Le Train Bleu, le légendaire buffet gastronomique de la gare de Lyon. Coiffée d’un de ses éternels chapeaux, la cigarette nonchalante, Mary Marquet égrenait ses souvenirs ferroviaires et mondains lors du tournage de la série Histoire des Trains, coproduite par Pathé et TF1 (1978), superbement réalisée par Daniel Costelle, et dont j’étais l’un des intervenants et conseillers historiques. Ce fut un festival Mary Marquet ! Elle était, en somme, elle aussi une sorte de monument historique vivant des combinaisons politiciennes de la Troisième République et du théâtre. Née à Saint-Pétersbourg, Maniouche, devenue Mary Marquet, avait débuté sur scène avec Sarah Bernhardt et dans la galanterie avec Edmond Rostand. En 1920, elle succédait à la grande Sarah dans L’Aiglon. Pensionnaire de la Comédie-Française en 1923, elle en devint sociétaire en 1928. « Ce Train Bleu*, c’était admirable. Toute ma jeunesse ! On y dînait avant de partir pour la Côte. Ah ! J’en ai fait des rencontres dans les couloirs, dans les wagons-restaurants, dans les voitures-bars ! »

Avec sa gouaille, celle qui avait fréquenté les ministères au plus haut niveau sans craindre le scandale, me dit : « Dans les couloirs, il y avait beaucoup d’accostages mais c’était charmant ! Il y avait des joueurs de poker à ce moment-là. Et puis, on buvait, on buvait beaucoup ! J’ai entendu un jour une violente dispute dans un sleeping. Quelqu’un a demandé : “Mais qui est-ce qui s’engueule comme ça ?” Et on a vu sortir Otéro, la Belle Otéro, des peignes rouges tenant ses cheveux huileux et couverte de diamants. Elle voyageait toujours avec ses diamants. » Il faut préciser que les amants d’Otéro constituaient, elle en était fière, un véritable Gotha. Du shah de Perse au prince Albert Ier de Monaco, du prince de Galles, futur Edouard VII, au khédive d’Egypte, tous lui offraient des bijoux somptueux. « Ce soir-là, elle est sortie furieuse de sa cabine et me montrant un tout jeune danseur du Casino de Paris. Blême, elle m’a lancé : “Oune maquéreau, yé épousé oune maquéreau !”. » Evidemment, après tant de liaisons aristocratiques, c’était une déchéance... Mary Marquet poursuit : « Je me souviens aussi d’une femme que j’adore et qui, à ce moment-là, était en pleine vogue, Damia, chanteuse célèbre. Sa chanson Les Goélands était un tube de l’époque. Elle était très belle mais imprenable. Dans le couloir, elle était suivie d’une dame à faux-col, l’air terrible. Fallait pas que les messieurs s’approchent ! » La « dame » était Eileen Gray, grand nom de l’Art déco. « J’ai vu, dans le Train Bleu, l’Aga Khan (le père, bien sûr) offrir une canne à un monsieur qui avait dû être riche mais qui ne l’était plus, dont les gants étaient mal raccommodés, les souliers usés, mais qui portait beau. Il admirait cette canne. Eh bien, l’Aga Khan la lui a donnée, devant moi, dans le train. J’ai aussi rencontré un pianiste grotesque que Sacha Guitry adorait, qui composait la musique de ses films.



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