Ernest (French Edition) by Gab Stael

Ernest (French Edition) by Gab Stael

Auteur:Gab Stael [Stael, Gab]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions Elixyria
Publié: 2021-10-05T22:00:00+00:00


18

21 h 27

Alors qu’ils s’apprêtent tous à pénétrer le royaume des rêves, quelqu’un frappe à la porte d’entrée. Rodolphe s’y colle, comme promis ; Ernest a besoin de se reposer. Avec de la peine, il roule sur le côté du lit, secoue les jambes de l’avant vers l’arrière pour prendre de l’élan et se redresse d’un seul coup. Les deux mains dans son dos, il s’étire en bâillant. Ça tambourine drôlement en bas.

— Ernest ! Ernest ?

C’est la voix de Bernard.

— Mince, la tournée des bars ! J’avais proposé…

— De l’aider, oui, Marlon, je suis au courant.

— Je m’en charge !

— Non. Certainement pas ! Tu as entendu Ernest tout à l’heure ? C’est moi qui gère. Rendors-toi.

— Rodolphe, tu ignores tout de mes conversations avec lui et…

— J’en sais suffisamment. Pas de négociation possible !

— Bon, comme tu veux. Je reste en salle d’attente au cas où.

— Parfait, tu n’as qu’à faire ça. Surveille bien toute la famille, le premier qui cherche à revenir dans la lumière, tu l’envoies valser avec l’Émile dans le néant !

— Sentinelle numéro deux, ça me convient.

Pendant qu’ils s’accordent devant le miroir de l’armoire, Bernard s’excite contre la porte d’entrée.

— Ernest !!! C’est moi !

— Je dois y aller là.

— En effet !

— Ouais, j’arrive, deux minutes, y’a pas le feu !

Rodolphe-Ernest ramasse le veston tombé à la va-vite, le replace sur la chaise, enfile une robe de chambre au hasard, puis descend en courant. L’escalier vétuste tremble de part en part, craque de souffrance un peu comme si un éléphant avait choisi de l’emprunter pour visiter la maison. Le véhicule est un véritable poids lourd. Plus de cent vingt kilos cognent violemment les marches. Tout à coup, l’avant-dernière cède. Son pied droit s’encastre d’un bloc dans le bois. Rodolphe s’étale de tout son long en poussant un râle lugubre.

— Ernest ?!

D’un coup d’épaule, Bernard défonce la porte de fortune sans hésiter. Il constate les dégâts avec stupeur. La latte éventrée ressemble à s’y méprendre à une mâchoire aiguisée. Elle a lacéré la cheville retenue prisonnière de plusieurs crocs en chêne. L’un hurle de douleur, l’autre tente de l’apaiser.

— Tu as eu de la chance ! Tiens-toi tranquille une minute.

— C’est coincé ! qu’il baragouine. Aïe ! Ouille !

— Calme-toi mon vieux, laisse-moi faire.

Le regard éberlué de surprise, Bernard observe attentivement le piège qui s’est refermé sur la jambe. Il appose ses mains sur la partie du mollet libre pour essayer de tirer le pied captif avec délicatesse en grimaçant d’empathie.

— À trois, d’accord ?

Trop lent pour Rodolphe. Il a toujours eu les décomptes en horreur. Mal pour mal, autant régler l’affaire rapidement. Il bascule sur la droite pour dégager sa bedaine, pivote les hanches, les genoux. Le tibia frotte contre la bouche acérée, quelques injures s’élèvent.

— Quand faut y aller, faut y aller, murmure Marlon, aux aguets.

— 1…

Rodolphe-Ernest pousse un cri de guerre et retire son pied brusquement.

— Merde ! J’avais dit à 3 !

Rodolphe-Ernest se roule de douleur en se tenant la cheville. La mine désolée, Bernard s’accroupit à ses côtés en passant une main dans ses cheveux défaits.

— Ça pique ! Ça brûle !

— Tu es malade ! Tu aurais pu te sectionner un tendon.



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