En crevant le plafond by Chase James Hadley

En crevant le plafond by Chase James Hadley

Auteur:Chase,James Hadley [Chase,James Hadley]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Gallimard
Publié: 2015-02-24T00:00:00+00:00


II

Les bureaux de la Compagnie commerciale d’Extrême-Orient occupaient quatre étages du National and Californian State Building, dans la Vingt-Septième Rue.

Elégante et très soignée, la jeune fille chargée de recevoir les visiteurs dévisagea Harry avec le sourire bienveillant et protecteur qu’on a pour les enfants un peu bêtas qui demandent la lune.

— Je suis navrée, monsieur Griffin, mais M. Takamori ne reçoit que sur rendez-vous, dit-elle. M. Ludwig pourrait peut-être vous être utile. Je vais voir s’il est libre à présent.

— Ce n’est pas M. Ludwig, que je veux voir ; c’est M. Takamori.

— Je regrette, mais c’est absolument impossible. (Le sourire bienveillant commençait à disparaître.) M. Takamori…

— Vous me l’avez déjà dit. Je ne suis pas sourd, fit Harry. Mais moi, il me recevra.

Il prit dans sa poche une enveloppe cachetée et la tendit à la jeune fille.

— Donnez-lui ça et vous serez surprise de voir comme il se hâtera de me recevoir !

Elle hésita, haussa les épaules et appuya sur un timbre. Un petit groom en uniforme fauve à revers bleus sortit de la pièce voisine et s’approcha du bureau.

— Donnez cette lettre à Miss Schofield, dit la jeune fille. C’est pour M. Takamori.

Et comme le groom s’éloignait, elle dit à Harry :

— Asseyez-vous, je vous en prie. Miss Schofield vous recevra peut-être.

Harry s’assit, prit une cigarette et l’alluma. Il était sur des charbons ardents, mais s’efforçait de ne pas le laisser paraître.

Cinq jours s’étaient écoulés depuis le vol. Glorie et lui s’étaient installés dans un petit hôtel de New York. La laissant là-bas, il était revenu à Los Angeles, pour cette entrevue d’une importance capitale avec Takamori.

Il s’était creusé la cervelle, pour trouver un moyen sûr de traiter avec Takamori, mais sans succès. Lentement et à regret, il avait dû convenir que, s’il voulait toucher un million et demi de dollars, il lui fallait se présenter à Takamori sous sa véritable identité, sans recourir à un nom d’emprunt ni à un déguisement. Il ne parviendrait pas à dissimuler une aussi forte somme, même s’il la répartissait entre une douzaine de banques. Il aurait des ennuis avec le fisc et la police enquêterait sur son compte. Il ne lui restait d’autre solution que de jouer cartes sur table, en espérant de Takamori tiendrait tellement à récupérer les diamants qu’il préférerait avoir affaire à Harry plutôt qu’à la police.

Assis dans un fauteuil profond, les pieds enfoncés dans la moquette, il attendait, tandis qu’au bureau de réception affluaient constamment des messieurs, porteurs de serviettes de cuir. La jeune fille les accueillait avec le sourire bienveillant et protecteur qui donnait à Harry envie de la gifler. Elle les confiait aux petits grooms qui les emmenaient par le couloir, loin des regards de Harry, toujours assis à fumer.

Au bout de trente-cinq minutes, alors que Harry avait déjà fumé quatre cigarettes, le groom qui avait emporté la lettre revint par le long corridor, s’approcha de la jeune fille et lui dit quelques mots. Harry, qui l’observait, vit ses sourcils se relever.

— M. Takamori veut bien vous recevoir, dit-elle avec un sourire qui n’était plus protecteur, mais amical et surpris.



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