En ce sang versé by Japp Andrea H

En ce sang versé by Japp Andrea H

Auteur:Japp, Andrea H. [Japp, Andrea H.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Française, Policier
Éditeur: Jeanne1950 - TAZ
Publié: 2012-12-24T23:00:00+00:00


La sœur hostelière, une charmante femme entre deux âges, aux joues roses et au large sourire, les rejoignit au moment où ils débouchaient dans la cour d’honneur, nom pompeux qui désignait la modeste esplanade pavée faisant suite à la porterie majeure. Elle permettait avant tout aux chariots et chevaux d’avancer jusqu’aux écuries par temps pluvieux, leur évitant de s’embourber. Sans un mot, elle les mena.

Hardouin cadet-Venelle s’émerveilla de l’organisation du monastère. Il n’avait vu personne, surpris aucune cavalcade, et pourtant tout semblait prêt à répondre à l’ordre de Mme de Gausbert. Le parloir, vaste salle carrée qui précédait l’hostellerie, était ponctué de longues tables et de bancs de bois rude. La chaire sculptée de l’abbesse trônait au bout de l’une d’elles. Comble de l’attention, on venait de lancer un feu dans l’une des deux immenses cheminées qui se faisaient face à chaque bout de la pièce.

La sœur hostelière leur désigna un banc et les invita à s’asseoir avant de disparaître sur un sourire.

— Pensez-vous que la mère abbesse assistera à nos entretiens avec ses filles ? s’enquit Hardouin à mi-voix.

— À son droit et à son choix. Cela vous embarrasserait-il ?

— Oui-da. On se confie mieux aux étrangers dont on suppose qu’on ne les reverra pas et qu’ils disparaîtront donc avec vos confidences.

Le court silence d’approbation du sous-bailli lui répondit.

— Messires, puis-je ?

Ils tournèrent la tête et se levèrent aussitôt. Brunaude de Livessan, voisine de dortoir d’Henriette, se présenta. Un involontaire sourire, vite réprimé puisqu’inconvenant, joua sur les lèvres d’Hardouin. Elle était tout simplement ravissante. Le bord de son voile mettait en valeur son haut front bombé. Ses yeux étirés en amande, d’un chaud noisette, pétillaient d’intelligence, sa petite bouche rouge semblait un joli fruit mûr2.

— Madame ma sœur, notre honneur et notre reconnaissance à vous voir nous rejoindre, déclara l’exécuteur en s’inclinant à nouveau.

— Auxquels s’ajoute ma vive appréciation de père blessé, renchérit le sous-bailli.

Dès qu’elle parla, M. Justice de Mortagne révisa son jugement très flatteur et pour le moins hâtif.

— Mon devoir d’obéir à un ordre de notre bien-aimée mère, messires. Cela étant, et si je puis, que cette conversation soit aussi brève que possible. Hormis le fait que je ne connaissais Henriette que de proximité de lits de dortoir, j’ai fort à faire, ayant été désignée semainière de cuisines.

Ses mots trahissaient un tel dédain, une telle morgue que cadet-Venelle sentit qu’ils ne tireraient rien de cette femme.

— Or donc, vous n’aviez pas formé de cordialité particulière avec Henriette de Tisans ? insista-t-il pourtant.

— Quelle déroutante suggestion, rétorqua-t-elle presque ironique. Je n’ai pas rejoint, à mon désir, le monastère des Clairets pour forger des amitiés mais pour servir Dieu de toute mon âme, en étudiant, apprenant, travaillant au mieux de mes forces afin que ce service Lui plaise et si possible Le comble. Me suffisent l’approbation et l’estime de notre mère pour être heureuse.

Stupéfait par cette tirade d’une sécheresse de cœur étonnante, inquiet de la réaction d’outrage que pourrait manifester, à juste titre, messire de Tisans, Hardouin tenta



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.