Elle ou moi by K.L. Slater

Auteur:K.L. Slater
La langue: fra
Format: epub
Tags: FICTION / Thrillers
ISBN: 9782811227388
Éditeur: Milady
Publié: 2019-11-12T16:00:00+00:00

35

AMBER

Amber était toujours stupéfaite qu’il ne vienne jamais à l’idée de ceux qui emmerdaient le monde qu’on puisse les emmerder en retour. À malin, malin et demi.

Ainsi en allait-il des occupants au-dessus de son ancien appartement, qu’elle avait vus se diriger d’un pas vacillant vers le pub au coin de la rue. Après avoir placé les trois derniers cartons à l’arrière de sa voiture et relevé une dernière fois les compteurs afin de les envoyer à l’agence, elle avait enfilé des gants en caoutchouc et emporté un sac plastique dans le petit coin de verdure situé derrière l’immeuble, envahi par les mauvaises herbes.

Plusieurs résidents avaient des chiens, et ce jardin était, pour ainsi dire, les toilettes de leurs compagnons à quatre pattes. Elle eut des haut-le-cœur et la nausée en ramassant autant de déjections pestilentielles qu’elle pouvait en porter physiquement, puis elle remonta l’escalier pour aller déverser sa collecte immonde dans l’appartement de ses voisins du dessus par la fente destinée au courrier.

Une fois cette petite opération terminée, elle retourna le sac et macula la porte de ce qu’il restait sur le plastique, veillant notamment à bien en recouvrir la poignée. Elle aurait presque souhaité s’attarder dans les parages pour assister aux cris outrés et révulsés de ses anciens voisins quand ils reviendraient.

Elle laissa ensuite tomber les gants en caoutchouc tout crottés devant la porte, retourna dans son appartement pour se laver soigneusement les mains et partit. Elle avait enfin réussi à s’échapper d’ici.

Elle sourit en repensant, satisfaite, à ce qu’elle venait de faire.

Le matin même, elle s’était garée tout au bout de la rue, loin de la maison. Judi était au cabinet médical, et ce vieux cinglé de Henry en déplacement pour une partie de pêche. Du moins, pensa-t-elle en riant, était-ce ainsi qu’il aimait appeler ses petites virées.

Elle avait fait faire un double des clés de Henry et Judi quelques semaines auparavant, quand Ben était parti en voyage scolaire avec ses élèves et avait laissé sa voiture et ses clés à la maison. Celles de ses parents se trouvant aussi dans son trousseau, Amber s’était tout simplement rendue dans un centre commercial et avait en toute tranquillité demandé un double au serrurier installé dans la galerie marchande attenante au supermarché.

Après avoir remonté l’allée, elle avait frappé à la porte pour s’assurer que la maison était bien vide, puis avait introduit la clé dans la serrure et s’était glissée à l’intérieur. Une demeure indépendante, isolée des habitations voisines par des conifères, présentait l’avantage de faciliter grandement la tâche aux intrus de son espèce.

À l’intérieur, une odeur de cire, puis de pot-pourri aux relents de clous de girofle et d’orange lui avait assailli le nez, et elle en avait éternué. L’écho avait résonné dans tout le vestibule de sorte qu’elle s’était figée un instant, imaginant le prétexte qu’elle pourrait invoquer si Henry ou Judi faisait irruption.

Mais, bien sûr, elle n’avait pas eu à s’inquiéter. Elle était seule… pour accomplir sans entrave ce qu’elle souhaitait.

Montant l’escalier, elle s’était dirigée droit vers la chambre de David.

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