Du polar by Guérif François

Du polar by Guérif François

Auteur:Guérif, François [Guérif, François]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai, Littérature Policier, France
Éditeur: Jillerone - TAZ
Publié: 2012-08-03T22:00:00+00:00


François Guérif, Edward Bunker

et James Ellroy

Comment Bunker a-t-il découvert la littérature ? Forcément en prison, j’imagine, puisqu’il y a passé une bonne partie de sa vie…

En prison, bien sûr. Dans des circonstances assez particulières. Comme il me l’a dit lui-même, il a découvert l’écriture grâce à une bonne fée : Louise Fazenda. Les cinéphiles peuvent encore la voir de temps en temps dans les films des années 1930 sur TCM. C’était une actrice, mais elle n’a pas fait une grosse carrière. Par contre, elle a épousé le célèbre producteur Hal B. Wallis. Après son mariage, Louise Fazenda – elle explique ça dans ses mémoires, je crois – consacrait une bonne partie de sa vie à des bonnes œuvres. Et c’est en visitant une prison qu’elle a rencontré Edward Bunker, qui était très jeune à l’époque. Je ne sais pas ce qui s’est passé entre eux, sûrement pas une histoire de sexe, mais il lui a confié qu’il avait envie de s’exprimer, d’écrire. Elle lui a fait parvenir une machine à écrire et elle lui a envoyé de l’argent. Bunker m’a dit que son envie d’écrire lui est venue du jour où, en prison, il avait lu Caryl Chessman, Cellule 2455, couloir de la mort. Les gens ne s’en souviennent pas, mais en 1956 ce bouquin était une vraie révolution. Chessman, que l’on surnommait « le bandit à la lanterne rouge », l’avait écrit dans le couloir de la mort, alors qu’il attendait son exécution. Cellule 2455, couloir de la mort avait été aussitôt acheté par Hollywood. L’adaptation du bouquin donnera d’ailleurs un film pas terrible. Au même moment, le bouquin est acheté en France par Les Presses de la Cité, et obtient un énorme succès, provoquant un gros débat sur la peine de mort. Chessman, dans sa cellule, est entre-temps devenu une vedette ! Je crois que Bunker était incarcéré dans la même prison, même s’il ne l’a jamais rencontré. Et quand il a lu le livre de Chessman, il s’est dit qu’il pouvait en faire autant. Évidemment, c’était très prétentieux. Avant d’arriver à No Beast so Fierce, il s’est passé quand même quelques années, et Bunker a écrit au moins trois romans qui n’étaient pas publiables. Bunker se rend compte que c’est difficile, mais il s’accroche. Et du coup l’écriture devient sa raison de vivre. Et il sort un chef-d’œuvre. Chessman, avec des romans comme Fils de la haine ou Face à la justice, est un auteur intéressant, mais il n’est pas un grand écrivain, ni un grand styliste. Et puis Chessman cherche à susciter la sympathie, l’empathie, pour ne pas dire la pitié. Ce qui est étonnant chez Bunker, dans Aucune bête aussi féroce, c’est la lucidité et la dureté de ses propos, l’absence totale de pathos. Évidemment, c’est ce qui a séduit Ellroy. Bunker ne tombe dans aucun piège. Je pense que Bunker restera dans l’histoire du roman américain. Et ça me fait profondément plaisir, car quand on l’a publié ici, il était oublié aux États-Unis. C’est via la France, puis l’Angleterre, que l’Amérique l’a redécouvert.



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