Quel Nom by Inconnu(e)

Quel Nom by Inconnu(e)

Auteur:Inconnu(e)
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2011-04-02T13:13:39+00:00


- Madame Dracoris, s'il vous plaît.

Le type baissa la tête et plongea le nez dans son registre. Il portait un costard irréprochable et une de ces cravates immondes, rayée de bleu marine et bordeaux, écussonnée à la mode anglaise. Dans un décor tel que celui-ci, on se serait presque attendu à trouver un réceptionniste en uniforme. De la même manière, j'étais un peu désappointé en ne trouvant pas dans l'ascenseur en fer forgé façon début du siècle le liftier à casquette et galons frangés. L'intérieur avait été refait à neuf, les boutons étaient ceux de tous les ascenseurs ; j'appuyai sur le trois.

Je n'avais pas hésité une seconde quand le gars de la réception m'avait demandé qui il devait annoncer. " Son neveu ", avais-je répondu sur un ton presque offusqué, comme si j'avais été vexé que le type n'ait pas remarqué l'air de famille. En fait, je crois qu'il avait dû se méfier en me voyant débarquer. Je portais un vieux jean et un tee-shirt pas repassé, des lunettes noires masquaient mes cernes : il avait certainement redoublé de méfiance lorsque je les avais ôtées. La nuit avait été courte. Tina m'avait réveillé vers sept heures, elle cherchait ses vêtements à travers tout l'appartement. Je lui avais proposé de prendre un café, elle avait refusé. Elle était partie avant que j'aie eu le temps d'ouvrir le deuxième œil. Je m'étais levé ; je me demandais si Bernard était rentré.

- Entre... Attends moi une seconde, je ne suis pas prête.

Sandrine m'avait embrassé comme certainement une tante embrasse son neveu ; à vrai dire, je n'ai aucun souvenir des baisers de mes tantes. Elle portait un peignoir blanc marqué du nom de l'hôtel. Elle fila dans la salle de bains, elle sentait le savon, ses pieds laissaient des traces humides sur la moquette rase. J'allai à la fenêtre, il faisait un temps d'été.

L'église Saint Maurice jetait sur les boutiques l'ombre de sa flèche ajourée. Quelques personnes pressées arpentaient le trottoir en hâte, un clochard faisait les poubelles, un autre dormait sur un banc, sur le parvis. J'entendais le tintement des flacons de parfum et des boîtiers de poudre que l'on repose sur une tablette de verre. J'allai m'asseoir sur le bord du lit défait.

La table de chevet était encombrée de mouchoirs en papier parmi lesquels se noyait un livre à la tranche brisée. Un instant je crus rêver, c'était le même bouquin qu'avait lu Alice, la veille de son départ. Derrière moi le cliquetis des cosmétiques avait cessé, le froissement des étoffes me fit tourner la tête ; par la porte entrouverte je vis le dos de ma tante. Décidément, chaque fois qu'il m'arrivait de détailler son physique comme j'aurai pu le faire de n'importe quelle femme, j'en arrivais toujours à la même conclusion : Sandrine portait son âge comme un bronze sa patine, avec fierté et sans que cela altère le moins du monde sa beauté. Si elle n'avait pas été ma tante, j'aurai même pu la trouver séduisante. Elle n'était pas ma tante.



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