Du plomb pour une balance by Pendleton Don

Auteur:Pendleton,Don
La langue: fra
Format: mobi, epub
Tags: Policier
ISBN: 9782280195126
Éditeur: Vauvenargues
Publié: 2009-09-30T13:00:00+00:00

CHAPITRE IX

Du premier étage de chez Murphy, on avait une vue imprenable sur le vieux Vancouver, la statue de « Gassy » Jack Deighton, le fondateur de la cité, et quand on occupait seul un boxe à l’écart, un vendredi soir à 19 heures, devant une pinte de bière locale, on pouvait se sentir bien, observer la rue avec indulgence, et la vie avec optimisme.

Mais quand on s’appelait Ross Millar, ce tableau idyllique était tout à fait fallacieux. Un mensonge complet. La faute à Nick Podesta, dont le coup de fil furieux ne présageait rien de bon. La faute à Lou Seconda, qui avait tellement de mal à parler au téléphone que Debbie avait dû répondre à sa place, pour expliquer au patron que le malheureux avait vraiment très mal. Mais au moins, avait-elle ajouté, les choses avaient été prises en main par Chuck…

— Il a rameuté tout le monde et ils vous attendent chez vous, monsieur Millar.

Ross Millar n’avait pas osé demander à Debbie si Joan était vraiment là-bas… Du coup, il n’avait pas non plus appelé Chuck Dawley à Eagle Harbourg, de peur de tomber sur sa femme. Avant de l’affronter, il fallait remettre de l’ordre dans le paysage, savoir où on allait…

Mais en attendant, Ross Millar fixait son portable posé devant lui sur la table avec une sourde angoisse, pestait intérieurement contre Jay qui était en retard et n’arrêtait pas de se pencher pour guetter un signe de Dan, son chauffeur, posté en haut de l’escalier pour filtrer les arrivants.

Dix minutes après 19 heures, Dan se retourna et fit un signe à son patron.

Ross Millar soupira, but une gorgée de bière et se composa un visage où il espérait qu’on ne pourrait rien lire, et surtout pas le stress qui lui rongeait l’estomac.

Pourtant, la simple apparition du tueur de Miami en haut des marches suffit à le mettre mal à l’aise et à le faire grimacer.

Dan salua Jay d’un signe de tête, esquissa un vague sourire et d’un mouvement de menton, indiqua le boxe où il était attendu. Il faillit balancer une remarque bien sentie sur le retard du maigrichon, comme il le qualifiait à part lui, le genre de vacherie qui aurait remis l’autre à sa place, c’est-à-dire plus bas que terre… Mais Jay passa devant lui sans même paraître le voir. La démarche raide, les épaules rentrées, la droite plus basse que la gauche, et le teint pâle comme à l’habitude. Presque maladif, dans l’éclairage tamisé des appliques qui ornaient les boiseries sombres de la salle.

Jay marcha jusqu’à la table de Ross Millar, ses yeux bleus en mouvement enregistrant vivement la configuration des lieux. L’entrepreneur et son garde du corps étaient seuls dans la salle, que Murphy, qui n’avait rien à leur refuser, avait simplement interdite à la clientèle pendant un temps indéterminé…

Jay s’arrêta une demi-seconde devant la table, le bras gauche comme toujours légèrement écarté du corps, et la main tournée vers l’intérieur, à demi fermée. Il posa son regard sur Ross Millar, parla sans presque bouger les lèvres.

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