Dissonances by Carin Gerhardsen

Dissonances by Carin Gerhardsen

Auteur:Carin Gerhardsen [Gerhardsen, Carin]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier thriller
Éditeur: 12-21
Publié: 2015-04-08T22:00:00+00:00


Mercredi matin

— Qu’est-ce qui se passe ? C’est « Mon grand jour » qui débarque ou quoi ? s’enquiert Veronica Engström au moment où il franchit le seuil de la chambre.

— Ce qui veut dire ? sourit Odd Andersson.

— L’association qui concrétise les rêves des enfants gravement malades. Même si j’aurais préféré Justin Bieber.

— Tu plaisantes ? Je croyais que tu avais 18 ans, pas 14.

— Bien répondu, admet Veronica, avec ce qu’Odd juge être l’amorce d’un sourire. J’ai juste dit ce qui me passait par la tête.

— Et en réfléchissant, tu aurais dit qui ?

— Foo Fighters.

— Bon choix.

Odd fait le tour de la chambre, s’arrête près de la fenêtre et constate que la vue n’a rien d’exceptionnel. Seul élément digne d’intérêt : un groupe d’infirmières qui fument dans la cour. Il prend son temps, inspecte le bouquet de roses placé dans le vase et se penche pour sentir. Mais c’est la déception habituelle : de jolies fleurs bien chères sans aucune odeur. Pour sa part, il préfère les roses plus rustiques qui sentent bon.

Veronica est installée sur son lit et porte ses propres vêtements. Elle le suit du regard en silence. Il vient s’asseoir sur le siège visiteur, puis sort de son sac un bloc à dessin et un fusain. Il commence par esquisser à grands traits l’ensemble de la pièce, avant de s’attacher aux détails. Veronica l’observe avec une certaine curiosité, sans qu’aucun d’eux parle pendant un bon moment. Lorsqu’elle se décide à prendre la parole, la chambre dans son entier est représentée sur le papier, à l’exception du lit et d’elle-même.

— Tu fais du manga ? demande-t-elle.

— Bof, je ne sais pas vraiment. Disons que c’est un peu le style.

— Tu es doué.

— Tu trouves ? Merci.

— Il n’y a pas quelque chose qui manque ?

— Possible.

— Tu ne veux pas que je sois dans le dessin ?

— Tu aimerais ?

— Pourquoi pas.

— Je ne sais pas qui tu es.

Elle reste quelques instants silencieuse, à méditer ce qu’il vient de dire, puis se décide à rouvrir la bouche.

— C’est moi qui ne sais pas qui tu es.

— Je m’appelle Odd Andersson.

— Merci, ça, je le savais. Tu es de la police ?

— Exact.

— Tu es invité aux soirées people ?

— Ça m’arrive.

— Et tu y vas ?

— Parfois. Mais ces derniers temps, pas très souvent. C’était plus marrant au début.

— Ils sont superficiels, les gens célèbres ?

— Il y a de tout. Mais oui, pour la plupart, ils sont assez imbus d’eux-mêmes.

Le silence se prolonge. Andersson s’efforce de peaufiner les détails. Il dessine les ombres, frottant le noir du fusain de la pointe de son majeur. Veronica ne le quitte pas des yeux et suit chacun de ses mouvements. Il maintient son regard rivé sur le bloc à croquis, ne le relevant que pour étudier l’agencement de la pièce. Le voilage des rideaux, le tableau sans intérêt accroché au mur, les boiseries, les boutons, les portes, les plinthes, les poignées. Et toutes ces fleurs, qui paraissent malvenues dans cette chambre.



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