de la musique by Dictionnaire

de la musique by Dictionnaire

Auteur:Dictionnaire [Dictionnaire]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782259219464
Éditeur: Plon
Publié: 2011-12-31T23:00:00+00:00


Mascagni, Pietro (1863-1945)

Trop vite aimé, trop tôt malaimé : c’est le résumé d’une carrière démarrée à vingt-sept ans dans le coup d’éclat à retentissement mondial de Cavalleria rusticana, et ne cessant de décliner jusqu’à s’ensevelir sous des faisceaux douteux. Mascagni était d’origine plus que modeste, fils de boulanger, dévoré de musique ; aidé à se former d’ailleurs, au conservatoire de Milan où Ponchielli fut un de ses maîtres et Puccini son camarade au sens propre, dans leur mansarde d’étudiants bohèmes. Mais il n’aimait pas les études, la discipline, la férule. Il s’en fut faire de la musique sur le tas, patron d’une harmonie municipale cliquetante, et gribouillant dans son coin. Il rêvait grands machins mélodramatiques, le vaste et l’emphatique qui exaltent, d’où un Guglielmo Ratcliff (d’après Heine), différé jusqu’après son triomphe. Celui-ci vint pour lui de l’obligation de faire court, et ne pas voir trop grand. L’éditeur Sanzogno, posé en rival de Ricordi, patronnait un concours d’opéras brefs, pour repérer des talents jeunes. Mascagni se dépêcha pour expédier une Cavalleria rusticana que la Duse avait jouée au théâtre. Chevalerie rustique, on n’est pas plus loin en apparence des chevaliers fous et des magiciennes tirés de l’Arioste et du Tasse ; la Sicile est le très ostensible cadre d’une action brève au dénouement brutal, mais qui prend encore le temps de procéder à l’ancienne, par pezzi chiusi, sans encore prétendre à la fluidité totale du tissu musical ni déjà réussir en temps réel une action qui soit tout le temps action. Ni pittoresque, au demeurant, ni réalisme : un Sicilien serait le dernier à y reconnaître son sol. Qu’importe. Son lyrisme généreux mais contrôlé, tenu à une plastique du chant impeccable (qui, soit dit en passant, permettra à Cavalleria de triompher grâce à des interprètes aussi élégamment belcantistes qu’on pouvait l’être à l’époque, Emma Calvé ou Emma Eames, Fernando De Lucia) ; la délicatesse extrême d’une orchestration qu’un chef comme Karajan goûtait et dirigeait en gourmet ; le sensationnel intermezzo, l’utilisation inspirée des chœurs (la foule, mais l’hymne aussi : c’est Pâques en Sicile) : tout dans Cavalleria a fait d’emblée triomphe, mondial, total. Mais dans quel malentendu ! L’extraction de ses personnages et leur habit, le coup de couteau final aussi consacraient Mascagni vériste : mais en dépit de l’emphatique profession de foi du titre, les yeux fermés, musicalement, vocalement, on pourrait être aussi bien dans la Sicile des Vêpres, ou le désert arabe du chevalier Renaud. Le social et sa modernité n’ont rien à faire ici. On n’a fait que rajouter une toile peinte à la fiction lyrique. Le tout est et reste de faire rêver par le chant, de transporter ailleurs. Escapisme pas mort. Il n’a fait que se conquérir un paysage, mais surtout une époque, une simili-contemporanéité, de plus.

A preuve : ce triomphe lui ouvrant toutes les portes, Mascagni en fut comme déboussolé. Où se chercher un style ? Erckmann-Chatrian lui donnait Amico Fritz, encore moins alsacien que Cavalleria n’est sicilien ; mais encore mieux chantant, et bluette parfois, dans un traitement d’instruments d’une délicatesse souvent grisante.



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