Cures et châtiments by Gary Victor

Cures et châtiments by Gary Victor

Auteur:Gary Victor
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Mémoire d'encrier
Publié: 2013-11-12T00:00:00+00:00


VIII

Le commissaire Dulourd envoya d’une pichenette dans la poubelle le cure-dent avec lequel il venait de soulager une molaire trouée. Cette poubelle, il la faisait vider à heure fixe. Maniaque de la propreté, il ne tolérait aucune tâche sur son uniforme sans pli. Il se faisait manucurer chaque fin de semaine dans un studio de beauté. Il apportait ses propres instruments désinfectés par ses soins. Ses collègues policiers le regardaient parfois de travers, car un individu aussi maniéré, se disaient-ils, broutait peut-être de la carotte. Mais ses intimes comptaient le nombre impressionnant de conquêtes féminines à son actif. Il ne portait donc aucun intérêt aux gens de son sexe. Il était né ainsi tout simplement. La crasse, le désordre le répugnaient. En revanche, il se sentait bien dans la fétidité morale, les manœuvres nauséabondes, le monde des tricheries et des lâchetés. Ramper avait un seul danger : le sol était souvent jonché de merde. Le commissaire Dulourd aimait à rappeler à ses proches son talent pour nager avec grâce et excellence dans la saleté morale dans le but de se garantir la paix du ventre et de la tête, reprenant ainsi les mots d’un ancien président deux fois déchu, l’ancien prêtre des bidonvilles, pour lequel il ne cachait pas sa profonde admiration. « La pè nan vant, la pè nan tèt. » Le commissaire Dulourd avait réussi la paix du ventre. Il était riche. Il avait aussi la paix dans la tête, car il était intelligent, discret. Il n’affichait pas sa réussite. Il avait pu échapper ainsi à toutes les enquêtes sur les cas d’enrichissement illicite au sein de l’institution policière. Ces enquêtes intéressaient seulement ces enfoirés d’étrangers emmerdant tout le monde avec leur obsession de la démocratie et des droits de l’homme.

Ce matin, il était très en colère. Après avoir accepté de remplacer le commissaire Solon, un ami, il avait voulu avoir un contrôle absolu et permanent à la Division. Le seul élément incontrôlable, l’inspecteur Dieuswalwe Azéma, une légende vivante de l’institution à cause des nombreux cas qu’il avait été le seul à pouvoir résoudre et de son alcoolisme invétéré, il avait réussi à l’écarter en exigeant sa soumission à une cure de désintoxication. Cet inspecteur avait trop de zones d’ombre en dépit de son intelligence indiscutable et de son honnêteté. Sa paix risquait d’être remise en question à cause de ce douteux personnage. Des éléments troubles des forces militaires des Nations unies l’avaient intercepté de nuit alors qu’il rentrait chez lui pour le forcer, sous la menace des armes, à dire où était l’inspecteur. Il se sentait encore offensé. Pourri, mais nationaliste! On avait découvert dans l’appartement d’Azémar le cadavre d’une citoyenne brésilienne. La fille d’un général, commandant en Haïti les forces des Nations unies, qui s’était suicidé six ans auparavant! Une guigne! Il avait vu les photos de la fille. Il avait vu le cadavre. Cette Brésilienne était d’une somptueuse beauté. Une femme pareille ne va pas voir sans raison des ivrognes comme Azémar. L’inspecteur n’avait pas



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