Le magicien quantique by Derek Künsken

Auteur:Derek Künsken [Künsken, Derek]
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF, Littérature Canadienne
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2020-02-25T23:00:00+00:00

32.

Des milliers d’humains divins vivaient dans la Ville Libre des Fantoches, ce qui la rendait très précieuse à leurs yeux. La réglementation y étant très légère, elle constituait un refuge rare pour les visiteurs sans scrupules. Sous la Numénarchie et sous les Fantoches, la possession d’êtres conscients n’avait rien d’illégal, la violence, les stupéfiants et le génie génétique étaient considérés avec souplesse et la protection de la vie privée prise au sérieux. Les riches aux goûts impossibles à satisfaire ailleurs violaient l’embargo pour venir jouer dans la Ville Libre.

Quand, munis de faux papiers et d’un monceau de francs congréganistes, Marie et Del Casal arrivèrent en yacht au Grand Creston Hotel, dont ils avaient réservé les six niveaux les plus luxueux et les plus profonds, ils furent donc accueillis après des procédures de pure forme auprès du gendarme de l’établissement. Des robots-serviteurs de location à mémoire effaçable chargèrent les tonnes de cargaison apportées par Marie dans le somptueux ascenseur privé, qui entama la longue descente.

« La vache ! » s’exclama l’ancienne militaire vingt-cinq minutes plus tard, lorsque la cabine se rouvrit sur les appartements situés tout au fond de l’établissement. Un large hall s’étalait sous les lustres accrochés au plafond en voûte. Tout le mur extérieur était constitué d’épaisses fenêtres disposées en nid d’abeilles et donnant sur les profondeurs sombres de la baie Blackmore. Des escaliers comme de dentelle montaient à gauche et à droite vers une terrasse qui, placée en travers des fenêtres, accueillait des espaces salon et repas plus intimes. De chaque côté de cette terrasse, des portes conduisaient aux chambres à coucher.

« Cet endroit est plus grand que ma dernière prison. »

Del Casal fronça les sourcils.

« Profitez-en, on en a quatre autres comme ça. »

Marie consulta son affichage de poignet. De l’air pauvre en azote. Quatre atmosphères de pression. L’hôtel ne pouvait pas faire moins, à une telle profondeur. À l’extérieur, la pression atteignait mille atmosphères. Les riches venaient dans ces appartements luxueux tout au fond de l’hôtel histoire de pouvoir se vanter d’organiser des fêtes à vingt-trois kilomètres de profondeur.

« Allons-y, les gars », lança-t-elle aux serviteurs en tapant dans ses mains.

Quatre robots qui portaient le caisson de Stills la suivirent hors de la cabine. Elle découvrit sur la gauche, bien alignés, les bagages descendus auparavant par les serviteurs. Ces douze caisses métalliques d’un mètre cube, pleines d’outils et d’explosifs, contenaient aussi suffisamment de matériel médical pour équiper une grande clinique : cela allait des bandages, pansements et nécessaires à suture aux plâtres et aux anesthésiques. Soit Bel pensait que ses explosifs allaient vraiment lui arracher quelques doigts, soit le travail de Stills était plus dangereux qu’elle ne le pensait.

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