Chine, retiens ton souffle by Qiu Xiaolong

Auteur:Qiu, Xiaolong [Qiu, Xiaolong]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9791034900664
Éditeur: Liana Levi
Publié: 2018-10-17T22:00:00+00:00

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L’inspecteur Yu était de plus en plus dérouté par le raisonnement de Qin sur l’affaire.

Il reçut alors un message de Peiqin. Elle lui transférait les derniers textos de Lianping et ajoutait : « Lianping ne pouvait pas parler au bureau alors nous avons échangé des textos. À la fin, le gâteau aux fleurs de prunier du déjeuner était froid. »

« Comme dit Chen, tu es la meilleure femme de flic qui soit. »

La Sécurité intérieure suivait son raisonnement jusqu’au bout. Ils étaient pressés de classer l’affaire, tout comme l’inspecteur Qin qui approuvait totalement leur démarche.

Yu se demandait ce qu’il pouvait faire. En tant que conseiller, il avait exprimé son point de vue, sans réussir à convaincre celui qui supervisait l’enquête. Il alluma une cigarette et décida d’étudier encore une fois le dossier et les photos des crimes.

Le rapport lui était devenu tellement familier qu’il interrompit sa lecture au bout de dix minutes. Il perdait son temps à passer en revue des éléments qu’il avait déjà examinés plusieurs fois à la loupe. En se penchant de nouveau sur les photos, il remarqua cependant une similitude entre les masques de la première et de la troisième victime. Tous deux étaient légèrement jaunes.

Yu se mit à transpirer. Il regarda de plus près les quatre paquets de photos.

Le masque de la seconde victime était indéniablement blanc. Et l’homme le portait encore quand son corps avait été découvert. Celui de Xiang, la quatrième victime, n’était visible que sur un des clichés, à moitié caché par son gâteau au sésame. De près, il avait l’air jaunâtre aussi, se dit l’inspecteur Yu sans grande certitude.

Dans le rapport rédigé par Qin, il n’y avait qu’une allusion au masque de la première victime, décrit comme très usé et décoloré. Ce qui n’avait rien d’étonnant pour une travailleuse pauvre semblait insensé pour les troisième et quatrième victimes. La teinte de leurs masques paraissait plus marquée, comme si c’était leur couleur d’origine. Si le masque de Xiang était également jaune, il ne pouvait plus s’agir d’une coïncidence. Trois masques sur quatre ne pouvaient être identiques par hasard.

Yu était stupéfait par l’hypothèse qu’il formulait mentalement pour la première fois : en dehors du masque porté par la seconde victime, les autres avaient pu être posés près des corps par le meurtrier.

L’objet créait un lien frappant entre les crimes. Pour reprendre les mots de Chen, il s’agissait d’une vraie « signature », un message de l’assassin.

Restait encore à savoir ce qu’il avait voulu dire.

Levant le nez du paquet de photos, l’inspecteur Yu sortit son portable et appela Peiqin.

« Quoi de neuf, Yu ?

− Tu as vu des gens avec des masques antipollution jaunes dernièrement ?

− Non, pas que je me souvienne. Mais maintenant, les jeunes portent des masques avec toutes sortes de motifs et de couleurs. J’en ai vu des roses, des fleuris, parfois aussi bariolés que des foulards.

− Je vais formuler la question autrement. Tu penses qu’il est possible qu’un masque jaunisse à l’usage ?

− Quand j’étais enfant, j’utilisais le même masque pendant plus d’un an.

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