Baztán, 3 Une offrande à la tempête (2016) by Redondo Dolores

Baztán, 3 Une offrande à la tempête (2016) by Redondo Dolores

Auteur:Redondo, Dolores [Redondo, Dolores]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Mercure de France
Publié: 2016-03-16T23:00:00+00:00


30

L’intensité du froid et de l’humidité extérieurs s’insinua dans le salon, rivalisant avec la vive chaleur de la cheminée.

Flora portait Ibai dans ses bras et souriait, ravie, en lui chantant une chanson dont elle accompagnait les paroles avec de petits sauts.

Sorgina pirulina erratza gainean,

ipurdia zikina, kapela buruan.

Sorgina sorgina ipurdia zikina,

tentela zara zu ?

Ezetz harrapatu 1 .

Ibai éclata de rire et Amaia regarda Flora, surprise : ses sœurs avaient toujours adoré les bébés, peut-être parce qu’elles n’avaient pas pu en avoir elles-mêmes, mais elle n’avait jamais vu Flora faire le clown et changer sa voix ainsi pour amuser le petit. Amaia n’en revenait pas : sa sœur était la dernière personne qu’elle aurait crue capable de faire ça. Elle repensa à ce que lui avait dit sa tante à propos des sentiments de Flora à l’égard d’Ibai.

James la salua d’un baiser léger, un peu sérieux. Il servit un verre de vin et le lui tendit en demandant :

— Beaucoup de travail ?

— Oui, je suis arrivée tard et j’ai décidé de rester pour tenir compagnie à la tía.

— On discutera plus tard, coupa-t-il avant de servir des verres aux autres.

Flora insista pour donner le biberon à Ibai. Ils échangèrent quelques commentaires sur les funérailles, le bel office que le curé avait célébré et le nombre de gens dans l’assistance, mais ne firent aucune allusion à leur absence. Amaia eut la conviction que la fermeté de la décision d’Engrasi de ne pas y assister avait été déterminante. La tía était le véritable chef de la famille, une femme qui toute sa vie avait revendiqué ses opinions et ses positions, qui avait toujours vécu suivant ses propres règles et continuait de le faire. C’était le genre de femmes qui respectait les choix des autres tant qu’ils en assumaient les conséquences et qu’ils ne prétendaient pas les lui imposer.

Amaia coucha Ibai et aida sa tante à apporter à table le rôti d’agneau avec ses pommes de terre et sa sauce à la bière, et tous s’installèrent pour dîner.

— Il y a une chose dont je voudrais vous parler, et je préférais attendre que nous soyons tous réunis, dit Flora en regardant ses sœurs. Avant tout pour éviter les malentendus.

Elle observa tous les convives et poursuivit :

— Ce matin, je me suis levée très tôt, je suis sortie faire un tour et j’ai eu envie d’un café. Je suis donc allée à la fabrique et, quand j’ai tenté d’ouvrir la porte avec ma clé, je me suis aperçue qu’elle ne fonctionnait pas. Vous êtes au courant ?

— Exact, dit Amaia. L’autre jour, en essayant d’entrer, je me suis rendu compte…

— J’ai changé la serrure, la coupa Ros.

— Mince ! s’exclama Flora. Et tu n’envisageais pas de nous le dire ?

— Bien sûr que si, mais j’attendais moi aussi qu’on soit toutes les trois réunies pour éviter les malentendus, dit-elle sans quitter sa sœur des yeux.

Flora vida son verre de vin et soutint son regard.

— Il faudra que tu m’en donnes un double.

Ros posa ses couverts sur son assiette sans cesser de la regarder.



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