123 Le peuple des Arbres by Jeffrey Lord

Auteur:Jeffrey Lord [Lord, Jeffrey]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Vauvenargues
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

CHAPITRE XI

— Blade, qu’est-ce que… c’est ?

Les ongles de Lune labouraient le biceps de son amant. Ils venaient d’arriver aux abords de la trouée en milieu de matinée, comme il l’avait prévu, traversant préalablement une zone périphérique où tout avait été vitrifié, figé par une chaleur intense.

Blade parvint à arracher de son bras la main tétanisée de Lune.

— Restez ici, je vais voir, s’adressa-t-il à l’ensemble de ses compagnons.

Il s’avança d’un pas tranquille à l’intérieur du disque carbonisé. Ce qui se trouvait en son centre, et qui faisait neuf à dix mètres de diamètre, n’avait pas produit sur lui le même effet de surprise incrédule que sur les esprits de Lune et des siens. Ce genre d’objet, s’il était manifestement inconcevable dans leur univers, avait sa place dans son propre champ d’expérience : il s’agissait d’un vaisseau spatial, de forme à peu près circulaire, posé sur trois pieds escamotables pourvus chacun d’une sorte de canon à lumière, probablement des générateurs laser surpuissants dont l’action avait provoqué la trouée dans les arbres, permettant à l’engin d’atterrir sans encombre.

Immédiatement, il avait songé à Jerek, l’homme dont il avait brièvement et sommairement partagé le psychisme, en alternance avec celui de Sergui.

Il contourna l’objet, cherchant dans le matériau une ouverture qui donnerait accès à l’intérieur, et la trouva, surmontée d’une large inscription gravée à même la coque, composée sans doute des lettres d’un alphabet aux sobres circonvolutions.

Sur la partie basse du panneau, accessibles à un homme de stature moyenne, quatre touches poussoirs, vierges de toute marque. Il en essaya une, deux, puis trois, les quatre simultanément. Sans aucun effet. Il jugea qu’il y avait sans doute un ordre à respecter, et commença d’égrener l’une après l’autre les combinaisons possibles.

Au bout de quelques minutes de tentatives infructueuses, le panneau s’enfonça enfin et glissa sur la droite.

Blade songea alors que l’engin n’avait pas dû être conçu pour se poser sur un environnement hostile ou inconnu. Le codage pouvait tout juste suffire à dissuader toute manifestation de curiosité déplacée, mais en aucun cas à protéger durablement le vaisseau d’une intrusion mal intentionnée.

Il se hissa sur la pointe des pieds, prit appui des avant-bras sur la base de l’ouverture et se propulsa à l’intérieur. Il eut aussitôt l’impression de se trouver en territoire presque familier. La disposition rigoureuse de la cabine, l’ordonnancement des instruments de bord, le hublot – actuellement obstrué par un volet – sur la partie haute, invisible de l’extérieur pour un homme debout, la configuration de l’unique siège et du harnais de sécurité, tout répondait à une sorte de logique économe et spartiate qui pouvait être l’apanage de toute civilisation terrienne technologiquement avancée.

Il eut un instant la tentation de pianoter sur divers claviers étalés devant lui, mais y renonça. Il ne connaissait rien au fonctionnement de cet appareil, et ne voulait pas risquer une fausse manœuvre aux conséquences imprévisibles.

Le cerveau en ébullition, il regagna l’ouverture et sauta à terre pour rejoindre ses compagnons. Le panneau se referma derrière lui dans un chuintement de mécanique hydraulique.

Ouragan arborait une mine hébétée.

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