Une ombre qui passe by Parker Robert Brown

Une ombre qui passe by Parker Robert Brown

Auteur:Parker, Robert Brown [Parker, Robert Brown]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 1994-11-15T00:00:00+00:00


28

À Port City, Ocean Street commence au pied de Hill Street, longe le port sur à peu près deux kilomètres, puis contourne une crique avant de devenir Seaside Drive. Munis d’une photo promotionnelle de Craig Sampson, nous nous mîmes au travail, Hawk et moi, chacun sur un trottoir à l’extrémité de la rue proche du théâtre, à la recherche de gens qui le connaissaient. Tout en opérant, nous nous observions mutuellement. Vinnie nous suivait des yeux au volant de la décapotable, le fusil de chasse contre le siège du passager.

Le Port City Tap fut mon cinquième arrêt. Par cet après-midi pluvieux, c’était un véritable havre de convivialité : trois types au bar ne s’adressant pas la parole et une femme esseulée avec un chapeau de cow-boy noir surmonté d’une plume, installée sur une banquette devant une pile de pièces de vingt-cinq cents et une boisson couleur diabolo fraise, mais qui n’en était sûrement pas. La musique country que débitait le juke-box faisait penser à une poule qu’on égorge, mais elle aurait sans doute plu à Susan. Sur le poste de télé accroché au-dessus du zinc défilait un feuilleton, sans le son. Le barman faisait rescapé de la Fédération internationale de catch : grand, costaud, le crâne rasé et la moustache tombante, vêtu d’un tee-shirt noir aux manches coupées orné du logo Harley-Davidson. Sur son énorme biceps, juste au-dessous de l’épaule, il arborait un tatouage, assez bien dessiné pour une fois, sur lequel on pouvait lire : Voué à l’enfer.

Les trois types au bar ne semblaient ni écouter la musique ni regarder la télé. Ils n’avaient pas l’air de se connaître, ni de connaître qui que ce soit. Là ou ailleurs. Ils ne prêtaient aucune attention à la femme sur la banquette. Me juchant sur un tabouret à côté de l’un d’eux, je sortis la photo de Craig Sampson.

« Est-ce que vous avez déjà vu ce gars-là ? » demandai-je en lui fourrant la photo sous le nez.

Il portait un ciré jaune par-dessus une chemise en flanelle rouge à carreaux. Devant lui, une chope de bière à moitié pleine et un petit verre de whisky. Il examina la photo puis se remit à contempler sa bière en secouant la tête. Le barman s’approcha.

« Qu’est-ce que vous prenez, mon pote ? »

Je lui montrai la photo.

« Est-ce que vous connaissez cet homme ?

— Les camelots ne sont pas admis dans l’établissement, répondit-il.

— Pourquoi ?

— Ça dérange la clientèle.

— Plus que la musique ?

— Si vous voulez consommer quelque chose, je vous servirai. Sinon, fichez-moi le camp. C’est pas un bureau de renseignements ici, compris ?

— Dommage. Ça avait l’air tellement accueillant. »

Il me dévisagea longuement, ses gros bras croisés sur sa poitrine, un tablier noué autour de la taille.

« Je prendrai une pression. »

Il remplit un verre, le planta devant moi.

« Ça fera trois dollars vingt-cinq.

— Je réglerai après.

— Pas question. »

Je sortis un billet de cinq dollars que je posai sur le bar. Il alla chercher la monnaie et la flanqua d’un geste brusque devant moi. Tous ses gestes respiraient la brutalité.

Je lui montrai à nouveau la photo de Sampson.



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