Tous pour elle by Laurent Malot

Tous pour elle by Laurent Malot

Auteur:Laurent Malot
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: French Pulp éditions
Publié: 2019-04-15T00:00:00+00:00


16

Louise avait raison, une foule de groupies est massée devant l’hôtel. Des filles pour la plupart. L’avant-première du film au Grand Rex a pris du retard et l’équipe n’est toujours pas là. Il est 21 heures, je suis sur le trottoir de l’avenue d’Iéna, assise sur ma Vespa en attendant qu’ils arrivent, et j’ai l’air d’une idiote. Il ne fait plus assez jour pour porter des lunettes de soleil, mais c’était ça ou mon casque. De plus, j’ai faim. J’aurais dû picorer dans les assiettes de toasts, tout à l’heure, quand je suis entrée dans l’hôtel. J’ai eu peur de m’en mettre plein les dents et je me suis limitée à un cocktail au bar. Trente euros sans alcool, ça fait cher le fruit ! En outre, j’ai dû partir au bout d’une demi-heure. Personne ne me l’a demandé, mais je me suis sentie bête à attendre là. J’avais l’impression que personne n’était dupe de mon petit jeu. Notamment deux femmes, plus belles que moi, qui m’ont souri avec tellement de condescendance que mon moral a chuté jusque dans mes stilettos.

Ça fait une heure que j’attends et je commence à me demander si ce n’est pas la soirée de trop. Le retard de l’équipe du film est peut-être un signe que je devrais écouter. D’un autre côté, je m’en voudrais de ne pas avoir tenté ma chance avec Ryan. Tout le monde dit qu’il est resté très simple, qu’il aime les gens, quel que soit leur milieu social. Alors, pourquoi pas moi ? La star anglaise et la petite Française sortie de nulle part ? On a déjà vu ça, et pas seulement chez Disney.

Je suis en pleine réflexion lorsque je le remarque. Pas Ryan, le type que j’ai vu lundi dernier en train de se faire courser par une horde de femmes en furie. Comme moi, il porte des lunettes de soleil. Une dizaine de mètres nous séparent. Il hésite, puis s’approche. Il est un peu plus vieux que moi ; pas mon genre d’homme, mais bien habillé. Un costume Armani taillé sur mesure, des chaussures et une montre hors de prix. Pourtant, il n’est pas aussi à l’aise qu’il voudrait l’être. Je ne critique pas, je ne fais pas mieux sur ce plan. C’est moi qui engage la conversation :

– Vous leur avez échappé, finalement ?

– À qui ?

– Aux folles qui vous poursuivaient ?

– Ah, oui. Mais après vous, j’ai failli me faire écraser par un bus. Ça vous est arrivé aussi ?

– Une horde, plus modeste que la vôtre, mais pas le bus. J’ai quand même pulvérisé tous mes records de vitesse.

Il sourit et me tend la main pour se présenter :

– Alexandre.

– Clémence.

– Je dois vous remercier.

– Pour quoi ?

– Sans vous, rue des Thermopyles, je ne serais pas allé jusqu’à la vieille femme. Elle vous a confié le pouvoir ?

– Comme à vous, non ?

Il acquiesce, satisfait de la tournure qu’a prise sa vie depuis une semaine.

– Vous attendez qui ?

– Ryan Ensington. Et vous ?

– June Ajakinski.



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