Sociologie des mondes agricoles by Hervieu

Sociologie des mondes agricoles by Hervieu

Auteur:Hervieu
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Armand Colin
Publié: 2013-07-14T16:00:00+00:00


Le « Jeune agriculteur » comme catégorie politique

La construction de l’identité professionnelle des agriculteurs ne se résume pas aux parcours spécifiques de formation offerts à ceux qui se destinent au métier. Elle est également liée à l’existence d’un dispositif spécifique d’interventions institutionnelles et professionnelles qui régit l’accès à la profession d’agriculteur (Purseigle, 2003). Géré à l’échelle départementale par les organisations professionnelles telles Jeunes agriculteurs (ex-CDJA), ce dispositif vise à privilégier la transmission des exploitations grâce à des aides financières, juridiques et fiscales destinées à des candidats assujettis à des règles et à des contraintes professionnelles. Toutefois, ce dispositif s’adresse à une catégorie particulière, celle dite des « jeunes agriculteurs », dans la définition qu’en donnent les organisations professionnelles majoritaires. Or l’âge (qui peut aller jusqu’à 40 ans) importe moins dans cette définition, que le fait de l’entrée professionnelle elle-même. (Monfroy, 1992, p. 4) En fixant les normes relatives à l’accès et à l’exercice du métier d’agriculteur, ce sont donc les instances professionnelles elles-mêmes qui assignent le « jeune agriculteur » à une catégorie professionnelle spécifique (Purseigle, 2003).

La genèse de cette catégorie professionnelle s’inscrit elle-même dans un cadre politique qui n’a pas cessé, depuis les lois d’orientation de 1960-1962, d’évoluer parallèlement aux mutations socio-économiques affectant le monde agricole et rural. Toutes ces politiques ont été mues par la volonté de maintenir un nombre suffisant d’agriculteurs au sein des espaces ruraux, tout en aidant les jeunes agriculteurs à s’adapter aux nouvelles contraintes économiques. La première institutionnalisation de la catégorie de « jeune agriculteur » a été mise en œuvre dès 1973, lors de l’instauration de la Dotation jeune agriculteur (DJA) dans les zones de montagne et dans les zones difficiles. Le jeune agriculteur devait justifier d’une Surface minimum d’installation (SMI), souscrire à des engagements (en l’occurrence: celui de rester chef d’exploitation pendant au moins cinq ans) et suivre une formation (en l’espèce: un stage de formation de 200 heures). Cette mesure fut élargie à l’ensemble du territoire en 1976, tout en conservant des spécificités selon les zones géographiques d’application. En 1981, les modalités d’attribution des aides à l’installation évoluent: les candidats doivent présenter une étude économique prévisionnelle (EPI) et réaliser un stage préparatoire (40 heures) préalablement à leur installation. D’autre part, la durée des engagements est portée à dix ans. En 1984, l’âge minimum à l’installation passe de 18 à 21 ans et la capacité professionnelle correspond, pour les candidats de moins de 25 ans, au niveau BEPA-BPA. Une nouvelle étape dans l’évolution du dispositif d’aide à l’installation est franchie en 1988 avec la substitution d’un objectif de revenu au critère de surface. Trois ans après l’installation, le jeune agriculteur se doit d’avoir atteint un revenu compris dans une fourchette réglementaire, afin de toucher la deuxième fraction de la DJA.

Depuis 1992, un niveau de formation équivalent au BTA est exigé pour tous les jeunes nés depuis le 1er janvier 1971, le BEPA-BPA étant requis pour tous les autres, avec, pour tous, la réalisation d’un stage pratique de 6 mois. L’ensemble de ces



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