Mes bien chères sœurs by Delaume Chloé

Mes bien chères sœurs by Delaume Chloé

Auteur:Delaume, Chloé [Delaume, Chloé]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Le Seuil
Publié: 2019-03-06T23:00:00+00:00


Bienvenue à la quatrième vague

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La première vague féministe est celle ayant permis le droit de vote et l’égalité juridique. Ce sont les actives suffragettes et le féminisme du mouvement ouvrier. Fin XIXe, milieu XXe. Les vagues se creusent dans les sillons des révolutions industrielles.

La deuxième vague déferle au milieu des années 1960 et pendant les années 1970. L’égalité est revendiquée, et le droit de disposer de son corps. Ce sont nos aïeules du MLF, la femme du soldat inconnu, le manifeste des 343 salopes. Le droit à l’avortement libre. Le féminisme matérialiste, le féminisme essentialiste. Féminisme s’écrit au pluriel.

La troisième vague féministe est arc-en-ciel, partie des États-Unis dans le milieu des années 1980. Militantes issues des groupes minoritaires, intersectionnalisme, visibilisation des minorités ethno-culturelles ; questions de genre, théories queer. C’est elle qui a su déconstruire, en ses fondements, le patriarcat, en s’attaquant entre autres à la binarité. La troisième vague est activiste, politique et organisée.

Dès l’apparition d’Internet, la troisième vague s’y est déployée. Des initiatives individuelles et collectives, des sites, des blogs. Transmission de savoirs, études, index, lexiques, matrimoine, connaissances ; expériences personnelles, recherches et créations militantes, collectifs artistiques, politiques. États-Unis et Canada, courant queer, cyberféminisme, Donna Haraway, manifestes, codes, théories, encore, théories.

La quatrième vague féministe est violette, c’est une colère de suffragettes. Majorité visible jusqu’ici silencieuse ; le sexisme ordinaire : une lutte de chaque instant. Elle utilise les technologies numériques et les réseaux sociaux comme outils et comme armes. Reprise quotidienne des informations et chiffres relatifs aux inégalités et aux violences faites aux femmes, création de hashtags qui virent au raz de marée.

La quatrième vague va de pair avec l’émergence d’un journalisme féministe, une génération soucieuse de transmettre au public ce qu’il aime garder caché. Assassinat n’est pas juste Drame conjugal ; Au pays du fromage une famille sur cinq est touchée par l’inceste ; Uxoricide n’est pas Il était fou d’amour. Des enquêtes sont lancées jusqu’au sein de Libé, sur les réseaux sociaux l’indignation circule et le réel pique les yeux. Tout le monde est concerné. Madame Michu, c’est moi. Et si ce n’est moi c’est donc ma sœur, ma propre grand-mère ou ma voisine. La Toile se tisse de révélations, et la prise de conscience attire.

C’est le féminisme 2.0. Toutes les interfaces et plateformes sont investies. Initiatives collectives ou privées pour des fragments de réel, des paroles, des récits, des photos d’ecchymoses. Des personnes inconnues se suivent et partagent, échangent, commentent, militent et se soutiennent. Être traitée comme femme : exposition des faits. Bien mieux qu’une pétition, des témoignages, des preuves. Par la quatrième vague se produit l’événement.

Le féminisme 2.0, pour moi, en France, le vrai début, c’est 2010. Parce que 2010, c’est Paye ta shnek, « Témoignages de harcèlement sexiste dans l’espace public », le tumblr lancé par Anaïs Bourdet. La manière dont les femmes sont perçues et traitées dans l’espace public devient irrémédiablement visible, les médias s’en emparent, le sujet se fait sociétal. Dans la foulée, Osez le féminisme ouvre viedemeuf.fr, des « anecdotes pour dénoncer les inégalités femmes/hommes qui persistent dans notre société ».



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