L'homme au parapluie et autres nouvelles by Dahl Roald

L'homme au parapluie et autres nouvelles by Dahl Roald

Auteur:Dahl, Roald [Dahl, Roald]
La langue: fra
Format: epub
Tags: nouvelle(s)
Éditeur: Gallimard
Publié: 1979-12-31T23:00:00+00:00


À moi la vengeance S.A.R.L.

Il neigeait lorsque je m’éveillai.

Je savais qu’il neigeait, parce qu’il y avait une sorte de clarté dans la chambre, et que tout semblait calme dehors : on n’entendait ni bruits de pas ni crissements de pneus, simplement le ronronnement des moteurs de voitures. Je me relevai sur un coude et vis George près de la fenêtre, vêtu de sa robe de chambre verte, penché sur le réchaud à pétrole pour préparer le café.

« Il neige, dis-je.

— Il fait froid, répondit George. Terriblement froid. »

Je sortis du lit et allai chercher le journal du matin de l’autre côté de la porte. Pour sûr, on pouvait dire qu’il faisait froid ! Je revins à toute allure, sautai dans le lit et restai immobile un bon moment sous les couvertures, tenant mes mains serrées entre mes jambes pour les réchauffer.

« Pas de lettres ? demanda George.

— Non. Rien au courrier.

— J’ai bien l’impression que le vieux ne va pas se décider à cracher.

— Il croit peut-être qu’avec quatre cent cinquante dollars on a de quoi vivre pour un mois, dis-je.

— Il n’est jamais allé à New York. Il ne connaît pas le coût de la vie ici.

— Tu n’aurais pas dû tout dépenser en une semaine. »

George se redressa et me regarda. « Nous n’aurions pas dû tout dépenser, tu veux dire.

— D’accord, admis-je. Nous. » Puis j’entrepris de lire le journal.

Comme le café était prêt, George apporta la cafetière et la déposa sur la table entre nos deux lits. « Personne ne peut vivre sans argent, déclara-t-il. Le vieux devrait au moins savoir ça. » Il se remit dans son lit sans enlever sa robe de chambre verte. Je poursuivis ma lecture. Je terminai la page des courses et celle du football, à la suite de quoi j’entamai l’article de Lionel Pantaloon, le grand chroniqueur satirique de la vie politique et mondaine. Je lis toujours la rubrique de Pantaloon – au même titre que les vingt ou trente millions de lecteurs assidus qu’il compte dans le pays. C’est devenu chez moi une habitude, et même plus : cela fait partie intégrante de ma matinée, comme le rite de boire trois tasses de café ou de me raser.

« Ce type a un sacré culot, dis-je.

— Qui ?

— Ce Lionel Pantaloon.

— Qu’est-ce qu’il raconte aujourd’hui ?

— Les mêmes histoires que d’ordinaire. Le même genre de scandales. Toujours à propos des riches. Écoute-moi un peu ça : vu au Penguin Club… le banquier William S. Womberg en compagnie de la ravissante starlette Theresa Williams… trois nuits de suite… Mme Womberg reste chez elle et souffre de migraine… On la comprend aisément, car n’importe quelle épouse aurait la migraine si son petit mari jouait les chevaliers servants auprès de Miss Williams ne fût-ce qu’une soirée…

— Avec un truc pareil, voilà Womberg dans un fameux pétrin, dit George.

— Je trouve que c’est honteux. Des ragots de ce genre sont susceptibles de causer un divorce. Comment ce Pantaloon peut-il s’en tirer sans dommage, avec



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