Le Peuple d'en bas by Jack London

Le Peuple d'en bas by Jack London

Auteur:Jack London [London, Jack]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature américaine
ISBN: 9782859405991
Publié: 1999-11-04T23:00:00+00:00


Le jour du couronnement, le jour du couronnement,

Nous ferons bombance, nous rirons et nous crierons

Hip ! hip ! hip ! hourra !

Car nous serons tous gais

Nous boirons du whisky, du vin et du sherry,

Nous serons tous gais le jour du couronnement.

– Qu’est-ce que je suis crottée, hein ! J’ai trotté toute la sainte journée, fit la femme, tandis que nous nous attablions dans un café et qu’elle retirait la saleté et le sommeil des coins de ses yeux. J’ai vu des bien belles choses aujourd’hui, et j’ai drôlement aimé. Et les duchesses, et les ladies, avec leurs grandes robes blanches ! Comme c’était beau, bonté divine, comme c’était beau !

» Je suis irlandaise, me dit-elle, répondant à l’une de mes questions. Je m’appelle Eyethorne.

– Comment ?

– Eyethorne, monsieur, Eyethorne.

– Épelez-moi ça !

– H-a-y-t-h-o-r-n-e, Eyethorne, quoi !

– Oh, je vois, vous êtes une cockney irlandaise.

– Oui, monsieur, mais née à Londres.

Elle avait vécu heureuse chez ses parents jusqu’à la mort de son père, tué dans un accident, puis s’était retrouvée seule au monde. De ses deux frères, l’un était à l’armée, l’autre, bien trop occupé à nourrir sa femme et ses huit gosses, avec vingt shillings par semaine et un travail très irrégulier, ne pouvait rien faire pour elle. Elle n’avait quitté Londres qu’une seule fois dans sa vie, pour travailler dans l’Essex, à une douzaine de milles de la capitale, à la cueillette des fruits, pendant trois semaines.

– J’étais noire comme une mûre quand je suis revenue. Vous ne me croirez pas, mais c’est vrai !

La dernière place qu’elle avait eue, c’était dans un café, de sept heures du matin à onze heures du soir, et pour gagner cinq shillings par semaine, nourrie. Puis elle était tombée malade et, lorsqu’elle était sortie de l’hôpital, elle n’avait plus rien trouvé à faire. Elle ne se sentait pas très bien, et avait passé les deux dernières nuits dans la rue.

Ils engrangèrent à eux deux une quantité prodigieuse de nourriture, et je dus doubler, puis tripler leurs commandes initiales pour qu’ils commencent à montrer quelques signes de satiété.

Une fois, elle étendit le bras pour palper le tissu de ma veste et de ma chemise, et s’extasia sur les bons vêtements que portaient tous ces Yankees. Mes guenilles, de bons vêtements ! J’en rougis malgré moi, mais, en les examinant de plus près et en regardant ceux que portaient l’homme et la femme, je commençai à me sentir correctement vêtu et assez respectable.

– Qu’est-ce que vous comptez faire plus tard ? leur demandai-je. Vous savez que vous devenez chaque jour de plus en plus vieux…

– Pour moi, c’est l’asile, dit l’homme.

– Ah, pour moi, non ! s’exclama la femme. Je n’attends plus rien de la vie, mais je préfère mourir dans la rue plutôt que d’aller à l’asile. L’asile ? Merci ! Pas pour moi !

Puis elle renifla dans le silence qui s’ensuivit.

– Après avoir passé toute la nuit dans la rue, comment le matin trouvez-vous à boulotter ? demandai-je.

– Si on n’a pas de réserve, j’essaye de mendier un penny, m’expliqua l’homme.



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