Laurent Genefort by Opexx

Laurent Genefort by Opexx

Auteur:Opexx [Opexx]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


10.

Le protocole opexx impose de prendre deux douches désinfectantes. Une avant la mission, prévue pour ne pas contaminer le monde de destination ; une après, afin de ne pas contaminer la Terre au retour.

La première douche a un autre but, moins officiel : échanger des comprimés de psychostimulants. On les planque dans les trousses de toilette. Sur le papier, ils sont proscrits. Dans les faits, la hiérarchie ferme les yeux. Ou du moins un œil : les drogues sont contrôlées, de même que, probablement, la filière d’approvisionnement. On ne peut prendre de risques avec notre santé, vu le prix que nous coûtons. Question de sécurité, surtout, car la drogue aussi peut se hacker. Or, les opposants virulents aux Opexx pullulent. Les manifestations quotidiennes, dans quasiment tous les pays, en sont la preuve, et des militaires ont déjà été poignardés en pleine rue par des illuminés.

L’effet des gélules se déclenche une heure trente après la prise, le temps de se harnacher, de l’ultime séance de briefing, puis du transfert intricat. Yaz ne se donne pas la peine de me proposer un cachet. Yaz est un as de l’embrouille et porte ce trait de caractère sur son visage. Je me demande parfois comment il a réussi à passer les tests psy. Peut-être faut-il ce type de profil. Je ne prends jamais de cachets, même si on m’a assuré qu’ils n’altéraient pas la perception. Hors de question de manquer la moindre bribe du spectacle qui m’attend.

Sirène des quinze secondes. Sirène des trois.

Deux, un. On émerge dans un vide glauque qui se fend aussitôt en deux — les pans d’une tente pressurisée.

« Allez, on se bouge ! »

L’enveloppe qui nous recouvre de pied en cap se gonfle, pour se coller à la cuirasse au-dessus. Un gros différentiel de pression, dans un sens comme dans l’autre, présente un risque accru en cas de blessure, c’est pourquoi on se protège davantage. Y compris dans les missions de jalonnement comme celle-ci. Les bouchons de protection auriculaire se chargent également de rendre aux bruits extérieurs une sonorité normale.

Extérieur n’est pas le mot qui convient. Nous avons débouché à l’intérieur d’une caverne cubique où auraient pu s’empiler deux tours Eiffel. Je lève les yeux vers un plafond morne. Peut-être le ciel est-il sillonné de vaisseaux géants et de lunes folles, le terre éclairée par une étoile sur le point d’exploser. On ne saura jamais, à moins de sortir. La civilisation qui a excavé ces grottes a créé un réseau couvrant la planète entière, sans point de contact avec la surface. D’après ma programmation, elle l’aurait fait pour préserver la biosphère de toute influence exogène. Quelle que soit la raison, au temps pour le spectacle. La civilisation en question est partie. Des peuples cavernicoles se sont installés, important leur environnement, mais aussi leurs problèmes.

La cuirasse nous met également à l’abri du froid, mais le matériel se couvre très vite de givre. Il fait bien en dessous de zéro, et seule l’aridité des lieux empêche que nous soyons entourés de congères.

« Déploiement comme au briefing.



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