La Révolution du divan by Didier Pleux

La Révolution du divan by Didier Pleux

Auteur:Didier Pleux
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Odile Jacob
Publié: 2015-07-14T16:00:00+00:00


Accepter le passé

La littérature abonde de récits autobiographiques au cours desquels les auteurs racontent cette découverte fabuleuse de la création de soi. Là où la psychanalyse freudienne utilise le passé pour affirmer son hypothèse du « refoulement inconscient », la psychothérapie existentielle se promet d’explorer la vie du sujet pour voir ce qu’elle a produit en lui de souffrances, d’aliénations mais aussi de choix et de libertés. Examiner son existence pour mieux exister et non pour rendre l’environnement responsable de ses maux. Rechercher dans son histoire la trajectoire que le sujet a décidé de prendre malgré les adversités et l’aider à comprendre ce qui peut encore l’inhiber ou, au contraire, le délivrer de ses constructions psychiques qui relèvent, pour la plupart, de processus inconscients.

La conscience de Soi dépend de ce que je décide de vivre, elle est « existentielle », elle s’enrichit par la prise de conscience des étapes qui ont participé à ma construction.

« La conscience étendue vous donne accès à un large panorama de connaissances, et le soi qui contemple cet immense point de vue est un concept véritablement digne de ce nom : il s’agit du Soi autobiographique122 », car, comme le souligne Sartre : « C’est un rapport ontologique qui unit le passé au présent123. »

A contrario de la psychanalyse freudienne, la première hypothèse existentielle est que le passé n’est pas déterminant. Dans notre culture psychologique, le passé est la clef de tout. Sartre est philosophe existentialiste, il rejette, on l’a beaucoup dit, cette soi-disant responsabilité familiale qui contribue à l’annulation de soi : « Il s’est arrangé pour que son présent fût hanté par un passé qui l’écrasât124… » Le passé n’appartient ni aux traumatismes de l’enfance, ni aux interactions familiales, il est un commencement. À partir de ce que j’ai été, je vais peu à peu devenir.

Le vrai traumatisme de l’enfance n’est pas la tragédie œdipienne, l’existence probable d’un abus subi ou le refoulement de quelque pensée sexuée culpabilisante, c’est beaucoup plus simple : quitter l’enfance c’est accepter d’être celui qui va « devenir », sans aucun filet de secours. Désormais, je vais être ce que je décide d’être et toute la responsabilité m’en incombe.

« On fera remarquer sans doute que Baudelaire, plus encore que celui du chat, regrette l’état du nourrisson, lavé, nourri, habillé par de fortes et belles mains. Et on aura raison. Mais cela ne provient pas de je ne sais quel accident mécanique qui aurait arrêté son développement, ni d’un traumatisme qu’on ne peut d’ailleurs prouver. S’il regrette sa petite enfance, c’est qu’on le déchargeait alors du souci d’exister, c’est qu’il était totalement et luxueusement objet pour des adultes tendres, grondeurs et pleins de sollicitude, c’est qu’il pouvait alors – et seulement alors – réaliser son rêve de se sentir enveloppé tout entier par un regard125. »

La psychothérapie existentielle sollicite le passé du sujet pour l’aider à saisir certaines constructions psychiques, à rendre conscient bon nombre de processus, de pensées ou d’automatismes émotionnels inconscients. Elle s’efforce de travailler sur cette



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