Éloge du voyage à l’usage des autistes et de ceux qui ne le sont pas assez by Schovanec Josef

Éloge du voyage à l’usage des autistes et de ceux qui ne le sont pas assez by Schovanec Josef

Auteur:Schovanec Josef [Schovanec, Josef]
La langue: fra
Format: epub
Tags: DET
Éditeur: Plon
Publié: 2014-01-01T05:00:00+00:00


La ville idéale vue d’Autistie

Gilles Tréhin, probablement le premier adulte français avec autisme à avoir témoigné de son vécu et de ses talents multiples dans les médias, et que j’ai la joie et le privilège de compter parmi mes amis, a consacré une bonne partie de sa vie à imaginer et créer une ville imaginaire, Urville. Chaque bâtiment, chaque quartier est non seulement dessiné, mais en plus possède une histoire, une identité propre.

Ne sachant pas créer une ville de toutes pièces, je ne peux que méditer sur une typologie de celles, existantes, que j’ai pu découvrir à tel ou tel moment de ma vie. L’un des plus étranges critères, et pourtant les plus fondamentaux à mes yeux, est celui qui constitue le plus considérable avantage de Paris sur d’autres villes : le grand nombre de cours de langues auxquels on peut y assister, parfois sans payer. Le tableau se gâte dès lors que l’on considère les facteurs que l’on devrait tenir pour attenants, notamment la qualité physique des universités. Sur ce point, Paris, comme la France en général d’ailleurs, est fort à la traîne. Ainsi, pour citer des exemples un peu extrêmes, l’université de Balamand au Liban ou le nouveau campus de celle de Tizi-Ouzou sont largement supérieurs à leurs homologues parisiennes. Même en y incluant les écoles et grandes écoles privées, du moins celles que j’ai pu visiter. Autre petit signe inquiétant : dans beaucoup de pays, l’université est un lieu central des villes, avec des stations de train et des quartiers à son nom ; à Paris, les universités n’ont jamais réellement été implantées dans le paysage – seule exception possible, le bâtiment historique de la Sorbonne, de plus en plus grignoté par l’administration et devenant donc plus un bâtiment ministériel parallèle qu’autre chose, demeure à l’écart des grands axes. Rien de comparable à Bucarest, Prague, Tel-Aviv, Moscou, Berlin, Téhéran et tant d’autres.

Autre paramètre auquel je suis attentif : la manière dont les villes importantes mettent en scène le pouvoir politique. Un abîme sépare des villes comme Moscou, où tout est fait pour impressionner, pour montrer la puissance du pouvoir face au tout petit individu, et des villes où le pouvoir, lorsqu’il est présent, reste à taille humaine : je pense notamment à l’Islande, aux pays scandinaves Estonie comprise, à la Suisse. Plus le palais présidentiel est entouré de rues barrées, plus il y a de policiers, plus je prends peur et plus la ville perd des points dans mon esprit. Il est d’ailleurs symptomatique que la performance économique d’un pays soit inversement proportionnelle au nombre de gardes du corps et l’ultra-protection ostentatoire du chef. Pour répondre à une objection possible : tout n’est pas que question de taille du pays. Ainsi, à Berlin, la sécurité est peu visible, même près des lieux de pouvoir, qui, Parlement historique excepté, n’ont rien de tape-à-l’œil. A l’inverse, la petite Tunisie bénaliste se caractérisait par la croissance cancéreuse du palais présidentiel, qui annexait de plus en plus de villas et de terres, tout en se dotant de lois restrictives de plus en plus draconiennes.



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