Correspondance (1882-1938) by Sigmund Freud & Minna Bernays

Correspondance (1882-1938) by Sigmund Freud & Minna Bernays

Auteur:Sigmund Freud & Minna Bernays [Freud, Sigmund & Bernays, Minna]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Seuil
Publié: 2015-03-04T23:00:00+00:00


Ton Sigmund

À Maman l’expression de ma très grande satisfaction en apprenant qu’elle commence sérieusement à aller mieux. Mais je ne renonce pas pour autant à mes réflexions à propos de Munich. J’imagine à quel point elle a dû s’y sentir mal. Ce qu’elle me passe sagement sous silence, le maître du style mer le montre.

*

101 Ss

Lundi 16 octobre 87

En réalité mardi, minuit et demi

Chère Maman et chère Minna,

Je suis effroyablement fatigué alors que j’ai encore tant de lettres à rédiger, mais vous écrire à vous deux passe avant le reste. Vous savez déjà par télégramme que nous avons une petite fille. Elle pèse 3 400 g, ce qui est très correct, elle est effroyablement laide, suce sa main droite depuis le premier instant, semble pour le reste une très bonne nature et se comporte comme si elle était réellement chez elle. En dépit d’une voix superbe elle crie peu, regarde les choses avec beaucoup de plaisir, demeure confortablement installée dans sa somptueuse poussette et ne donne absolument pas l’impression que sa grande aventure la rend malheureuse. Elle se prénomme naturellement Mathilde, comme l’épouse du Dr Breuer. Comment peut-on écrire autant sur une chose âgée de cinq heures ? C’est que je l’aime déjà beaucoup, bien que je ne l’aiet pas encore vue à la lumière. Elle est née à 8 heures moins le quart.

Peut-être la mère vous intéressera-t-elle davantage. Elle a été tellement gentille, tellement courageuse et aimable pendant tout ce temps. Pas un signe d’impatience ou de mauvaise humeur, et quand elle ne pouvait s’empêcher de crier, elle présentait toujours ses excuses au médecin et à la sage-femme.

La nuit dernière, vers 3 heures, elle s’est réveillée avec les premières douleurs, nous avons décidé de tenir jusqu’à 5 heures, puis je suis allé chercher le Dr Lott67 et la sage-femme qui habite juste à côté68, nous avons fait dire que nous n’étions pas là à tous les visiteurs, notamment à Eli et Dithau/69, par chance on était dimanche, pas de cabinet, pas de visite à faire. Au début tout est allé très lentement. Lott a pris un air pensif et il a expliqué que cela pouvait durer toute la nuit et que l’enfant pouvait aussi bien perdre l’avantage de naître un dimanche. Mais l’après-midi, de puissantes douleurs ont commencé, le travail principal a été vite accompli, et tout annonçait la naissance pour le soir. À partir de 5 heures cependant les douleurs ont décliné, l’enfant n’avançait pas, et Lott, constatant qu’à 7 h ½ les choses n’avaient pas progressé, s’est enfin décidé à aider au forceps. Martha était tout à fait d’accord, n’éprouvait aucune anxiété, et plaisantait à chaque moment de liberté avec ses deux assistants et son compagnon de souffrance. C’est de moi que je veux parler et je dois vous dire que je suis aussi fatigué que si j’avais vécu tout cela moi-même. À 8 heures moins le quart, donc, nous avions l’enfant. Martha s’est tout de suite ⌈trouvée⌉ très bien, on lui a servi une assiette de



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